LE CONTEXTE
Le bâtiment du Wiener Staatsoper (Opéra d'État, Vienne) dans les années 1890.
Atmosphère viennoise
Congrès international de Psychanalyse. Nuremberg 1911. 1er rang, gauche, 6ème place : Lou Andreas-Salomé
Né le 28 novembre 1881 à Vienne, en Autriche-Hongrie, et mort par suicide le 22 février 1942, à Petrópolis au Brésil,est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.
Lettre d'adieu de Stephan Zweig, Petrópolis, 22 février 1942. National Library of Israël
L'accueil de l'œuvre fut difficile : elle a été refusée une première fois par la Société de musique de chambre de Vienne. La création eut lieu le 18 mars 1902 à Vienne, occasionnant une querelle parmi le public. À quelques rues de là, le cabinet du Docteur Sigmund Freud ne désemplissait pas, en cette époque connue pour sa production de névroses par refoulement, détectées et soignées selon la méthode freudienne, qui naît elle aussi à Vienne en 1902. Il est possible d'établir plus clairement encore ce lien entre l'oeuvre du compositeur et la psychanalyse, lorsque l'on sait que l'opéra de Schönberg Erwartung (L'Attente de la Femme) pour soprano et orchestre, est écrit en 1909 sur un livret de Marie Pappenheim, elle-même disciple de Freud.
Stefan Zweig
Ami de Sigmund Freud, d'Arthur Schnitzler, de Romain Rolland, de Richard Strauss et d'Émile Verhaeren, Stefan Zweig fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays natal en 1934 en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il y poursuit une œuvre de biographe (Joseph Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments).
Dans son livre testament Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, Zweig se fait chroniqueur de l'« Âge d'or » de l'Europe et analyse avec lucidité ce qu'il considère être l'échec d'une civilisation.
« Né en 1881 dans un grand et puissant empire [...], il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon œuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison [...]. Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne »
Le monde d'hier, Stefan Zweig (1942)
Le livre décrit la vie artistique de Vienne et de l'Europe au tournant du xxe siècle puis les changements politiques et sociaux postérieurs à 1914, phénomène global que l'auteur appelle « le suicide de l'Europe ». L'œuvre est emplie d'une nostalgie lucide de l'Europe d'avant 1914 qui est décrite comme « l'âge d'or de la sécurité »
Lettre d'une Inconnue
Nouvelle de Stefan Zweig (1922). Film de Max Ophuls (1948).
À Vienne au début du siècle, une jeune femme fait parvenir à un pianiste renommé une lettre d'aveu : elle l'a aimé passionnément et en secret depuis toujours. Après une brève idylle nocturne dont lui-meme ne se souvient pas, elle a eu un enfant de lui, qu'elle a élevé sans se faire connaître. Mais cet enfant meurt et elle-même, incapable de survivre, poste cette lettre que le pianiste ne découvrira qu'après sa mort.
Le film ressuscite somptueusement en noir et blanc cette atmosphère du monde d'hier et de la Mitteleuropa qui continue à nous fasciner à travers l'oeuvre de Stefan Zweig.
Gustav, Alma, Alexander, Arnold, Walter, Sigmund et les lautres...
En novembre 1901, Gustav Mahler, alors directeur de l'opéra de Vienne et compositeur déjà célèbre, rencontre Alma Schindler (1879-1964) de 19 ans plus jeune que lui. Alma est la fille du peintre paysagiste Emil Schindlermort en 1892 ; sa mère s'est remariée avec le peintre Carl Moll, élève de Schindler. Issue d'un milieu cultivé et excellente pianiste, la jeune fille s'intéresse à l'art et étudie la composition avec Alexander von Zemlinsky, beau-frère et ancien professeur d'Arnold Schönberg. Fasciné par sa beauté et son indépendance d'esprit, Mahler l'épouse en 1902. Elle métamorphose la vie du compositeur qui rencontre, grâce à elle, des artistes éminents comme le poète dramatique Gerhart Hauptmann, les peintres Gustav Klimt et Kolo Moser ou le chef de file de l'avant-garde musicale viennoise Arnold Schönberg, dont Mahler devient le défenseur et le protecteur. Souvent sacrifiée au travail d'un mari exigeant, Alma renonce à la composition pour partager la vie intellectuelle et sensible de cet époux qu'elle considère alors « comme l'homme le plus noble, le plus pur »4 qu'elle ait jamais connu. Deux filles naissent en 1902 et 1904, Maria et Anna. Le 5 juillet 1907, l'aînée, Maria, décède, emportée par la scarlatine. Une grave crise éclate dans le couple au cours de l'été 1910 lorsque Alma, lui reprochant de ne pas faire son devoir d'époux, succombe au charme du jeune architecte Walter Gropius (fondateur du Bauhaus). Le divorce étant exclu, Mahler consulte Sigmund Freud avec lequel il effectue une discussion-promenade de quatre heures. L'entretien semble avoir été bénéfique au compositeur qui écrit à sa femme : « … Suis joyeux. Conversation intéressante… ». Alma est aux côtés de Gustav pour sa quatrième saison aux États-Unis et jusqu'à la fin de la vie de Mahler (1910). Elle épousera Walter Gropius en 1915.