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Le Poème de RicHard Dehmel

La pièce est basée sur un poème extrait du recueil La Femme et le monde (Weib und Welt) de Richard Dehmel, un ami du musicien. Le texte, plus tard publié séparément sous le titre Zwei Menschen. Roman in Romanzen, décrit une promenade nocturne d'un couple amoureux dont la femme avoue qu'elle attend un enfant d'un autre. Son amant insiste sur l'importance de sa maternité et lui assure qu'il est disposé à faire sien cet enfant. Ils marchent heureux, sous la lune, dans cette nuit transfigurée.

 

L'Å“uvre Weib und Welt publiée en 1889 fit scandale. 

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Richard Fedor Leopold Dehmel, Ã©crivain et poète allemand

(1863-1920)

 

Après son renvoi du lycée de Berlin Ã  cause d'un conflit avec un professeur, il finit sa scolarité à Danzig, puis étudie les sciences naturelles, l'économie, la littérature et la philosophie et soumet une thèse en économie. Puis il est employé en tant que secrétaire dans une compagnie d'assurance. Il commence l'écriture à temps plein après la publication de Erlösungen(1891) et Aber die Liebe (1893).

 

En 1889, Dehmel épouse Paula Oppenheimer, avec qui il va écrire des livres pour enfants. Il fait ensuite la connaissance de sa future épouse Ida Auerbach. C'est le scandale de la publication de Weib und Welt que le rend célèbre.

Après le divorce avec sa première femme Paula en 1899, il entreprend de grands voyages à travers l'Europe. Il s'installe ensuite à Hambourg, près de son ami Detlev von Liliencron, et il épouse Ida Auerbach. À la déclaration de la Première Guerre mondiale, Dehmel s'engage comme volontaire dans le régiment d'infanterie Graf Bose et sert jusqu'en 1916.

Il meurt le 8 février 1920 des suites d'une blessure de guerre.

 

Le Poème de Richard DEHMEL

Zwei Menschen gehn durch kahlen, kalten Hain;
der Mond läuft mit, sie schaun hinein.
Der Mond läuft über hohe Eichen;
kein Wölkchen trübt das Himmelslicht,
in das die schwarzen Zacken reichen.
Die Stimme eines Weibes spricht: 

 

 

„Ich trag ein Kind, und nit von Dir,
ich geh in Sünde neben Dir.
Ich hab mich schwer an mir vergangen.
Ich glaubte nicht mehr an ein Glück
und hatte doch ein schwer Verlangen
nach Lebensinhalt, nach Mutterglück  

und Pflicht; da hab ich mich erfrecht,
da ließ ich schaudernd mein Geschlecht
von einem fremden Mann umfangen,
und hab mich noch dafür gesegnet.
Nun hat das Leben sich gerächt:
nun bin ich Dir, o Dir, begegnet.“

 

 

Sie geht mit ungelenkem Schritt.
Sie schaut empor; der Mond läuft mit.
Ihr dunkler Blick ertrinkt in Licht.
Die Stimme eines Mannes spricht:  

 

 

„Das Kind, das Du empfangen hast,
sei Deiner Seele keine Last,

 

o sieh, wie klar das Weltall schimmert!
Es ist ein Glanz um alles her;
Du treibst mit mir auf kaltem Meer,
doch eine eigne Wärme flimmert
von Dir in mich, von mir in Dich.


 

Die wird das fremde Kind verklären,
Du wirst es mir, von mir gebären;
Du hast den Glanz in mich gebracht,
Du hast mich selbst zum Kind gemacht.“
Er faßt sie um die starken Hüften.
Ihr Atem küßt sich in den Lüften.
Zwei Menschen gehn durch hohe, helle Nacht. 


 

Deux personnes vont dans la forêt, chauve et froide.
La lune les accompagne, ils regardent en soi.
La lune passe aux dessus des hauts chênes,
Pas un nuage ne trouble la lumière céleste
Vers laquelle les fagots noirs s'étendent;
La voix d'une femme parle.

 

 

 

"Je porte un enfant et pas de toi,
Je vais à côté de toi dans le péché;
Je me suis gravement compromise,

Je ne croyais plus au bonheur
Et j' avais pourtant un lourd désir
D'une raison de vie, de bonheur maternel

Et de devoir, puis je me suis affranchie.
J'ai alors toute frémissante
Laisser posséder mon sexe par un étranger,
Et pour cela je me suis encore bénite.
Maintenant la vie s'est vengée,
Maintenant je t'ai rencontré, toi, ô toi."

 

 

Elle va d'un pas incertain.
 

Elle relève le regard, la lune la suit.
Son regard sombre se noie dans la lumière.
La voix d'un homme parle.

 

 

 

"Que cet enfant qui est conçu
Ne soit pas une charge pour ton âme.
O regarde comme l'univers brille clairement !
Il y a un lustre de toute part.

 

Tu chasses avec moi sur la mer glaciale,
Mais une propre chaleur rayonne
De toi en moi, de moi en toi.

 

 

 

Elle va transfigurer l'enfant étranger.
Tu vas l'enfanter pour moi, de moi,
Tu as apporté un éclat de lumière en moi,
Tu m'as moi-même refait enfant."
Il embrasse sa forte taille,

 

Leur souffle se mêle dans les airs.
Deux personnes vont dans la nuit haute et claire.

 

(Traduction française par Guy Rillaers)

 

 

 

Le Songe de Joseph (Evangile selon Saint Matthieu, 1, 18-24)

 

Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble.

 

Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.

 

Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint Esprit ;

 

Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.

 

Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète :

 

Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.

 

Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.

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