Nuit romantique et lyrique comme un Nocturne de Schubert ou de Chopin ?

 

Nuit fantastique comme celle d'un Caprice de Schumann ? 

 

Nuit mystique comme celle des tableaux de Van Gogh ou d'un sonnet de Baudelaire ?

 

Nuit métaphysique comme les vertiges scintillants de Dutilleux ?

 

De quelle nuit cette Nuit transfigurée est-elle la transfiguration ?

 

Ecrite dans ce creuset de l'Europe qu'était Vienne avant la catastrophe qui allait faire mourir tant de musique et de musiciens, La Nuit transfigurée éclaire de sa douce lumière vivante et maternelle la musique de Schoenberg postérieure à la tragédie nazie, notamment dans son œuvre vocale de 1947 "Un survivant de Varsovie", à propos de laquelle Adorno écrivait dans Prismes : "Le noyau expressif de Schoenberg, l’angoisse, s’identifie à l’angoisse associée aux mille morts des hommes dans un régime totalitaire".

 

Cette nuit des limites ultimes et des interrogations sans réponse, les quelques mesures des Variations Goldberg gravées sur la tombe de Glenn Gould l'humanisent et l'apaisent comme une clarté dans les ténèbres.