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Madame von MECK


Nadejda Filaretovna von Meck 

(en russe : Надежда Филаретовна Фон Мекк), née Nadejda Florovskaïa à Znamenskoïé (province de Smolensk) le 10 février 1831 et décédée à Nice le 13 janvier 1894, est une veuve russe fortunée connue pour avoir été la mécène de Piotr Ilitch Tchaïkovsky.

 

Le père de Nadejda Florovskaïa, grand propriétaire foncier, est un violoniste amateur. Il lui assure une bonne formation musicale aussi bien théorique que technique. Nadejda apprend le piano et fréquente le milieu musical. Elle se marie en 1848 avec le baron Karl von Meck, d'origine germano-balte, qu'elle aide par sa fortune et son sens des affaires. Il s'enrichit de manière considérable dans le chemin de fer. Elle donne le jour de 1848 à 1872 à six filles et cinq garçons et devient veuve en janvier 1876.

Cette même année, elle découvre les œuvres de Tchaïkovsky grâce au violoniste Iosif Kotek qui était à son service. Séduite par le talent du compositeur, elle lui passe commande d'une marche funèbre que Tchaïkovsky honore sans délai, puis plusieurs autres compositions. Tchaïkovsky lui dédie sa quatrième symphonie. Commence alors un échange épistolaire dans lequel se manifestent l'admiration et l'affection platonique de la baronne. Tchaïkovsky lui répond avec une prévenance non dénuée d'intérêt.

Très vite Madame von Meck consent à lui verser une rente annuelle de 6 000 roubles, la condition étant de se contenter pour tous deux de cette seule relation épistolaire. Elle met ses propriétés dans toute l'Europe à la disposition du compositeur, s'éclipsant juste avant son arrivée. Cette idylle insolite et intemporelle va durer près de quinze ans. Une ou deux fois, ils s'observeront de loin à l'occasion d'un concert ou d'une rencontre fortuite, mais jamais ne se parleront. En 1884, la baronne arrange le mariage de son fils Nicolas, dit Kolia, avec Anna Davydov, une nièce de Tchaïkovsky, comme si cette union des deux familles consacrait une sorte de fusion sentimentale entre elle et Tchaïkovsky.

D'abord sourde aux rumeurs sur les tendances homosexuelles du compositeur, Madame von Meck en prend enfin conscience. Blessée dans sa fierté de femme, elle écrit le 13 septembre 1890 à Tchaïkovsky que des revers de fortune l'empêchent désormais de lui verser la pension qu'elle lui allouait. Il est possible aussi que Mme von Meck connût quelques difficultés financières ou n'ait pas résisté à la pression de ses enfants qui l'engageaient vers une rupture définitive avec le compositeur. Elle commençait également à souffrir de la tuberculose qui l'emportera trois ans plus tard.

Tchaïkovsky meurt le 25 octobre 1893 à Saint-Pétersbourg. Nadejda von Meck ne lui survit que de quelques mois, s'éteignant à Nice le 14 janvier 1894. Son corps est rapatrié en Russie.

Madame von Meck apporta également son soutien financier à d'autres compositeurs, notamment Nikolaï Rubinstein et au jeune Claude Debussy qu'elle engagea en 1879 comme professeur de musique de ses enfants, parce qu'il déchiffrait avec aisance les partitions de Tchaïkovsky...

 

 

 

Retenons ce qui fut la profonde et belle raison d'être de l'attachement de Madame von Meck à Tchaïkovsky. Elle l'exprime dans une lettre d'invitation dans laquelle elle mettait ses résidences à la disposition du compositeur.

 

Dans votre musique j'entends moi-même l'écho de mes sentiments, de mes pensées, de mon chagrin. Nous ne sommes séparés que par la distance, sinon nous ne serions qu'une seule et même personne...

 

Je veux partager davantage avec vous. Vous sentir plus près. Venez dans ma maison quand je n'y serai pas, et, par l'esprit de votre présence, enveloppez-moi. L'amour qui est dans votre musique coule déjà dans mes veines. Il fait partie de ma chair et de mon sang. Il fait partie de mon être.

Votre musique est mystérieuse, inexplicable, merveilleuse, intoxicante. On voudrait mourir en en faisant l'expérience. Comme je vous aime.

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