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Saint-Pétersbourg

Un autre lien, outre les voyages, est celui de la ville de Saint-Pétersbourg

La ville magnifique de Saint-Petersbourg, la "Venise du Nord", orgueil et fierté de la Russie de Pierre Le Grand, est tournée vers l'Europe des Lumières. Cette ville oùTchaikovsky a vécu et étudié, a été construite par des architectes italiens. Elle est emblématique de la volonté de Pierre Le Grand d'ouvrir la Russie à l'Europe, d'en faire un lieu européen, capable d'attirer artistes et penseurs et de s'insérer dans la circulation des idées européennes.

 

Sur Pouchkine et Saint-Pétersbourg

 

Le Cavalier de Bronze (publié en 1837)

Oui je t'aime, cité, création de Pierre ;
J'aime le morne aspect de ta large rivière,
J'aime tes dômes d'or où l'oiseau fait son nid,
Et tes grilles d'airain et tes quais de granit.
Mais ce qu'avant tout j'aime, ô cité d'espérance,
C'est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs,
Que l'amant puisse lire à tes douces pâleurs
Le billet attardé, que, d'une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive.
Alors, sans qu'une lampe aux mouvantes clartés,
Dispute à mon esprit ses rêves enchantés,
Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme,
Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme.
Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté,
Tu parcours sur ton char la muette cité,
Versant aux malheureux, dans ta course nocturne,
Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne,
Et regardant au loin, comme un rigide éclair,
L'Amirauté dressant son aiguille dans l'air.
Alors, de notre ciel par ton souffle effacée,
Vers le noir occident l'ombre semble chassée,
Et l'on voit succéder, de la main se touchant,
La pourpre de l'aurore à celle du couchant.

 

 

Par son urbanisme résolument moderne et son esthétique d'origine étrangère, la nouvelle ville devait permettre à la Russie d’« ouvrir une fenêtre sur l'Europe » et contribuer, selon le souhait du tsar, à hisser la Russie au rang des grandes puissances européennes. Le centre-ville, construit sur des directives des souverains russes, présente une architecture unique qui mélange des styles architecturaux (baroque, néoclassique) acclimatés de manière originale par des architectes souvent d'origine italienne. Sa beauté alliée à l'existence de nombreux canaux lui ont valu le surnom de « Venise du Nord ». La ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1990.

 

Tchaïkovsky fit partie de la première promotion des élèves du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Ce Conservatoire était un extraordinaire foyer de rayonnement musical et intellectuel, ouvert aux "idées nouvelles".

 

Le 20 septembre 1862, le Conservatoire de Saint-Pétersbourg ouvre ses portes. Cette naissance du conservatoire est due aux efforts conjugués de plusieurs musiciens de la Société musicale russe parmi lesquels le pianiste et compositeur russe Anton Rubinstein (premier directeur et professeur de piano) et des célèbres artistes dont Teodor Leszetycki (piano), Henryk Wieniawski (jusqu’à 1868, succédé par Leopold Auer), Karl Davidov (violoncelle).

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Les personnes ayant terminé le cursus obtiennent le titre l’Artiste libre. L’année 1865 voit la première promotion des élèves du Conservatoire. L’un d’entre eux était le jeune Piotr Ilitch Tchaïkovsky qui va devenir un des plus illustres compositeurs russes.

Le Conservatoire de Saint-Pétersbourg est bel et bien l'incarnation de la Russie des Lumières.

 

Anton Rubinstein, directeur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg

La musique d'Anton Rubinstein n'a pas les consonances russes du Groupe des Cinq, elle développe au contraire des intonations européennes, ce qui lui vaudra une dispute avec Mily Balakirev ainsi qu'avec d'autres musiciens, qui estimaient que sa position au sein d'une école d'enseignement musical risquait d'être dommageable à la tradition musicale russe. Dans la bouche des nationalistes locaux, ses origines juives jouent contre lui et son frère Nicolaï (directeur du Conservatoire de Moscou). Paradoxalement, l'élève le plus célèbre d'Anton Rubinstein, Piotr Ilitch Tchaïkovsky est devenu l'archétype du compositeur russe, en tout cas, plus que beaucoup d'autres.

Alexandre III (1845-1894)

 

L'assassinat d'Alexandre II a pour résultat immédiat de remettre en question les projets de réformes en cours, que le nouveau souverain soumet, le 8 mars 1881, à un conseil des ministres spécialement convoqué pour la circonstance : s'y affrontent les partisans des réformes (soutenus par le comte Loris-Melikov), bientôt écartés du pouvoir, et les partisans de l'autocratie, menés par Constantin Pobiédonostsev, procureur du Saint-Synode, et ancien précepteur de l'empereur et le comte Dimitri Tolstoï, ministre de l'Éducation. Alexandre III se range à leur avis : il proclame dans le Manifeste du 29 avril 18819 que l'abandon du pouvoir autocratique porte en lui-même sa propre punition.

 

La famine russe de 1891-1892 est une des famines les plus marquantes subies par la Russie au XIXe siècle. Elle a fait deux millions de morts le long de la Volga, de l'Oural à la mer Noire.

Elle fut causée par un hiver et un été secs mais eut aussi pour origine la société féodale en voie d'industrialisation, à la forte natalité, ainsi que la stratégie économique de l'empire cherchant à soutenir les exportations.

A cette époque, l'industrialisation des moyens de production en Russie est quasiment nulle. Le collectivisme domine dans tout le pays. Ainsi, chaque paysan cultive sa terre pour son entourage proche. Ces moyens féodaux ne motivent pas la production à grand échelle.

La production céréalière du pays bien que faible pouvait cependant alimenter suffisamment ces régions. Mais les exportations n'ont pas été détournées au profit de ces 35 millions d'affamés. Ainsi, environ 10 millions de tonnes de céréales entre 1887 et 1891 sont parties à l'étranger pour soutenir une industrialisation russe faisant défaut.

Le gouvernement interdit également à la presse d'employer le mot famine et les pousse à utiliser le terme de mauvaise récolte.

 

La majorité de la population est contrainte à manger la farine crue qu'on lui distribue et du pain de la famine, un mélange de mousse, de chénopode (plante à texture farineuse) et d'écorce. Une épidémie de choléra ne se fait pas attendre. Le choléra fut la raison officielle de la mort de Tchaïkovsky en 1893.

 

Plus de 35 millions d'affamés et plus de deux millions de morts entre 1891 et 1892 sont la conséquence de cette "mauvaise récolte".

« la famine de 1891-1892 révéla la vulnérabilité de la condition paysanne et poussa à la radicalisation de l'opposition libérale et révolutionnaire. » 

(Larousse in Alexandre III)

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