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David contre les Philistins

​Le Davidsbündler (Confrérie de David)

Le Davidsbündler (la Confrérie de David ou alliance des compagnons de David) est une société de musiciens imaginée par Robert Schumann par analogie au combat de David contre les Philistins. Elle est inspirée des sociétés littéraires réelles comme Les Frères Sérapion, (Die Serapionsbrüder)  cercle d'amis berlinois d'E.T.A. Hoffmann. Cette société fictive a comme but de défendre la musique contemporaine de Schumann, face à ses détracteurs.

 

Un musicologue peut établir un lien riche entre l'histoire biblique de David et Goliath et la thématique de David contre les Philistins développée par Robert Schumann , en explorant les parallèles symboliques et musicaux entre ces récits :

1. Contexte symbolique : la lutte entre le faible et le puissant

  • Dans l'histoire biblique, David , jeune berger et futur roi d'Israël, triomphe du géant Goliath grâce à son courage, sa foi et sa ruse, symbolisant la victoire du faible contre le puissant.

  • Chez Schumann, le thème des Davidsbündler (la Ligue de David) représente une lutte artistique et idéologique : les "Davidsbündler" incarnent les forces créatives et révolutionnaires (David) qui s'opposent à l'académisme rigide et conservateur (les Philistins).

  • La musique de Schumann transpose cette lutte sur le plan esthétique, où David symbolise la modernité artistique et l'esprit libre.

2. Le Davidsbündler dans la musique de Schumann

  • Davidsbündlertänze, op. 6 est une œuvre emblématique où Schumann a rencontré en scène ses deux alter egos, Florestan (passionné et impétueux) et Eusebius (rêveur et introspectif), comme membres de la Ligue de David.

  • La musique évoque une tension constante entre des forces contrastées, qu'on peut interpréter comme une réminiscence symbolique de l'affrontement entre David et Goliath.

  • Schumann a construit une narration où les "Philistins" (conservateurs) sont artistiquement "vaincus" par la créativité des Davidsbündler.

3. La thématique héroïque et biblique

  • La figure de David dans la Bible est souvent associée à la jeunesse, à l'ingéniosité et à l'élévation par l'art (il est aussi musicien dans les Écritures). Cela reflète le propre idéal romantique de Schumann sur le rôle de l'artiste comme héros culturel.

  • Le combat de David contre les Philistins dans les œuvres de Schumann peut être vu comme une métaphore de la lutte pour une nouvelle vision artistique, alignée avec les dynamiques du romantisme.

4. Style musical et expressivité

  • Schumann utilise souvent des structures contrastées et des motifs rythmiques évoquant une lutte ou un défi. Par exemple, les passages tumultueux ou énergiques dans ses œuvres rappellent le dynamisme et la tension dramatique du combat.

  • Les danses des Davidsbündlertänze oscillent entre insouciance et gravité, rappelant la victoire miraculeuse de David.

Conclusion

Le lien établi par Schumann entre l'histoire de David et Goliath et son propre combat artistique repose sur l'idée d'une lutte pour la justice et la vérité, qu'elle soit divine ou esthétique. Schumann réinterprète ce mythe biblique dans une dimension symbolique et émotionnelle, incarnant l'esprit de rébellion romantique contre les normes oppressives de son époque. Un musicologue peut ainsi explorer ces dimensions pour montrer comment Schumann transforme une référence biblique en un manifeste musical et artistique.

David contre les Philistins. Les récits bibliques

Les références bibliques exactes concernant David et Goliath et les Philistins sont principalement tirées de l'Ancien Testament, notamment des livres de Samuel. Voici les passages clés :

1. David et Goliath

  • 1 Samuel 17 : Cet épisode raconte l'affrontement emblématique entre le jeune David et le géant Goliath.

    • Contexte : Goliath, un champion des Philistins, défie les Israélites pendant la guerre. David, armé d'une simple fronde et de cinq pierres, vainc Goliath par sa foi en Dieu et son habileté.

    • Versets marquants :

      • 1 Samuel 17:4-11 : Description de Goliath et de son défi.

      • 1 Samuel 17:37 : David affirme sa confiance en Dieu.

      • 1 Samuel 17:49-50 : David frappe Goliath à la tête avec une pierre et le tue.

Cet épisode symbolise le triomphe du faible contre le fort grâce à la foi, le courage et l'ingéniosité.

2. David contre les Philistins

Les Philistins sont des ennemis récurrents d'Israël dans l'Ancien Testament. Plusieurs passages relatant les affrontements entre David et les Philistins :

  • 1 Samuel 18:6-7 : Après la victoire sur Goliath, David est célébré comme un héros pour ses victoires contre les Philistins :

    « Saül a frappé ses mille, et David ses dix mille. »

  • 1 Samuel 19:8 : David mène une nouvelle bataille contre les Philistins et les défaits.

  • 1 Samuel 23:1-5 : David sauve la ville de Keïla des Philistins.

  • 2 Samuel 5:17-25 : Après avoir été couronné roi, David bat les Philistins à plusieurs reprises, consolidant son règne.

3. David, roi et musicien

  • 1 Samuel 16:14-23 : Avant le combat contre Goliath, David est introduit comme un musicien qui apaise le roi Saül avec sa harpe.

    « Et lorsque l'esprit mauvais envoyé par Dieu était sur Saül, David prenait la harpe et jouait de sa main. Saül respirait alors plus à l'aise, et il se sentait soulagé, et le mauvais esprit se retirait de lui. » (1 Samuel 16:23)

Cela renforce l'image de David comme une figure artistique et spirituelle.

Synthèse pour Schumann

Dans son approche artistique, Schumann semble s'inspirer principalement de :

  • 1 Samuel 17 pour l'idée du combat entre David et Goliath, symbolisant le triomphe du faible et du juste (les artistes romantiques) contre le fort et l'injuste (les conservateurs).

  • Les récits des batailles récurrentes entre David et les Philistins (1 Samuel 18, 2 Samuel 5) pour la persistance du combat idéologique.

  • Le David musicien (1 Samuel 16) pour associer la lutte au pouvoir de la musique et de la créativité.

Un exemple des choix de Schumann : Schumann et Chopin

 

Chopin fait partie des alliés de choix dans la lutte de Schumann-David contre les Philistins. 

La relation entre Schumann et Chopin est complexe, marquée par une admiration mutuelle, des hommages réciproques et une certaine rivalité artistique. Voici une analyse de leurs relations basée sur le document fourni par un chercheur de l'Université d’Evry Val d’Essonne / Université Paris-Saclay, Damien Ehrhardt, dans sa présentation citée en source. Schumann, écrivain et compositeur : regards en clair-obscur sur Chopin.   Rencontres et échanges

Schumann et Chopin se sont rencontrés à Leipzig le 27 septembre 1835, chez Friedrich Wieck, où ils ont également rencontré Clara Wieck. Cette rencontre semble avoir été une source d'inspiration pour Schumann, qui a composé des variations sur un nocturne de Chopin en 1835/36. Lors de cette rencontre à Leipzig, Chopin a joué la première version de sa Ballade op. 38 à Schumann.

Hommages et dédicaces

Schumann avait initialement prévu de dédier sa Sonate op. 22 à Chopin. Il a finalement dédié ses Kreisleriana op. 16 à Chopin .Il avait aussi prévu de dédier initialement ses Novellettes op. 21 à Chopin.  Chopin a dédié sa 2e Ballade op. 38 à Schumann en 1840.

Critiques et analyses

Schumann a écrit plusieurs recensions des œuvres de Chopin, notamment dans la Neue Zeitschrift für Musik (NZfM). Dès 1831, Schumann a publié une recension de l' "œuvre II" de Chopin, une variation sur le thème "Là ci darem la mano" de Mozart. Il y décrit une expérience d'écoute hors du commun, avec des images de "fleurs", de "basilics", de "paons", et de "jeunes filles". Il a même associé les variations de Chopin à des personnages de Don Giovanni, tels que Don Juan, Zerline et Leporello. Schumann a également comparé les variations de Chopin à celles de Beethoven et Schubert, s'ils avaient été des virtuoses du piano. Dans sa critique, Schumann utilise des métaphores visuelles pour décrire son expérience d'écoute, comme celle d'un verre coloré qui change la perception de l'objet. Il parle d'une "variation kaléidoscopique". Il a aussi fait des recensions des Études op. 25, des Impromptus op. 29, des Mazurkas op. 30, des Scherzos op. 31, des Mazurkas op. 33, des Valses op. 34, des Préludes op. 28, des Sonates op. 35, des Nocturnes op. 37, de la 2e Ballade op. 38, de la Valse op. 42 et de la Tarantelle op. 43.​

 

La vision de Schumann sur Chopin.​

Génie :

Schumann reconnait le génie de Chopin dès ses premières œuvres. Il considère que chaque mesure de ses compositions révèle son génie .Individualité et nouveauté.Schumann considère que les œuvres de Chopin sont pleines d'individualité, de nouveauté et de savoir.

Originalité :

Pour Schumann, la musique de Chopin est reconnaissable dès le premier coup d'œil sur la partition. Il compare cela aux différences entre la prose de Jean-Paul et celle de Goethe .

Dramatique et poétique.

Il perçoit un caractère dramatique dans la musique de Chopin, notamment dans les variations op. 2. Il identifie également des éléments poétiques dans ses œuvres.

Points de tension

Dans la recension de l'"œuvre II" de Chopin, on note une critique sur le choix de la tonalité (si bémol) du thème par Chopin. Bien que l'admiration soit présente, il existe une forme de compétition ou de comparaison avec d'autres grands compositeurs comme Beethoven et Schubert.

En résumé

La relation entre Schumann et Chopin est une relation d'admiration et d'influence réciproque. Schumann reconnaît en Chopin un génie musical, tandis que Chopin rend hommage à Schumann par sa dédicace. Cependant, on observe aussi une certaine rivalité artistique et des différences d'approche qui sont perceptibles dans leurs écrits et leurs compositions. L'analyse de leurs échanges, critiques et dédicaces révèle la complexité de cette relation.

Schumann et Berlioz

 

Robert Schumann a reconnu le potentiel de Berlioz lorsqu'il a présenté et analysé La Symphonie Fantastique de Berlioz en 1835 dans la Neue Zeitschrift für Musik, qu'il avait fondée un an plus tôt (voir le texte en pdf dans la page des sources). Dans les années suivantes, ils correspondirent, parfois publiquement ; Berlioz dans la revue Revue et Gazette Musicale. En 1843, ils se rencontrent à Leipzig, où Berlioz donne plusieurs concerts au Gewandhaus à l'invitation de Mendelssohn. Selon le souvenir de Berlioz, Robert Schumann aurait été « électrisé » par un extrait de la Grande Messe des Morts (Requiem), l'Offertoire. Dans ses Mémoires, Berlioz écrit qu'un médecin qui l'a soigné à Leipzig a demandé, en guise de paiement, une feuille signée sur le thème de l'Offertoire...

(Source : Schumann-portal.de, page sur Berlioz)

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Centre de Musique de Chambre de Paris

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