L'Imaginaire rayonnant









Les années Clara
"Revenons en 1828 : il s’installe à Leipzig, pour entamer les études juridiques auxquelles sa mère l’a contraint. Cette cité, fière de son université, de sa vie intellectuelle et artistique, tient alors rang de capitale musicale en Europe. Les virtuoses viennent y chercher la consécration de leur talent. Nulle part ailleurs, Robert n’aurait reçu une nourriture aussi stimulante que dans la ville de Bach. Pourtant, dès les premières semaines, il a une sensation d’étouffement : il rêve de nature, les cours sont austères, le droit l’ennuie. Il se retire dans la rêverie et la musique. Plus que jamais, le piano est son refuge, son confident.Au bout de deux ans, il décide d’abandonner ses études pour devenir musicien, écrivant à sa mère une lettre sans appel : « Suivre mon génie, c’est aller vers l’art et c’est là, je crois, le bon chemin. Mais, en vérité […], il me semble toujours que tu me barres la route comme autrefois . »
Friedrich Wieck, pédagogue intransigeant, devient son professeur. À ses côtés, il rencontre Clara, sa fille, âgée de neuf ans, musicienne née, qui donne déjà de superbes exécutions. Robert l’admire aussitôt : « Clara est un être extraordinaire ! Elle parle de nous tous de la façon la plus spirituelle. À peine trois pieds de haut et son cœur tellement formé que cela m’angoisse. Verve et caprices, rire et pleurs, vie et mort : les plus vives oppositions se succèdent à la vitesse de l’éclair chez cette jeune fille […]. Sa mémoire m’émerveille : à chacune de mes paroles, elle trouve une réponse. » Il est envoûté. Rêvant d’un féminin désincarné, il lui expliquera quelques années plus tard que « les jeunes filles sont un mélange d’ange et d’être humain » !Son apprentissage contraignant fait naître en lui un impérieux besoin de s’évader, de quitter Leipzig et son maître. Il part pour « un vol à travers une multitude de ciels printaniers » : Francfort, Coblence, où pour la première fois il voit le Rhin, qu’il descend jusqu’à Mayence, Heidelberg. Il reprend ensuite la route pour l’Italie, vers Milan. À la Scala, il est subjugué par la musique de Rossini. Puis vient Venise, où il s’enchante de la langueur des chants qui emplissent les nuits. Il est toutefois si enraciné dans son terreau natal que ne tarde pas à s’éveiller le mal du pays.
De retour à Leipzig, il prend conscience que son destin est chevillé à celui de Clara, à laquelle il s’attache par des liens de tendresse, d’amour, de passion . Il voit en elle le refuge féminin dont il a toujours ressenti le besoin. De neuf ans sa cadette, elle l’éblouit : elle fait de brillantes tournées, rencontre Goethe et Paganini et fréquente Chopin, Hiller, Mendelssohn, Meyerbeer et le Tout-Paris des arts et des lettres. Il sait bientôt qu’elle sera la femme de sa vie et, pendant les années qu’il doit l’attendre, il compose et lui dédie une série de pièces pour piano : « Vois, c’est une telle force que tu m’as donnée, ma Clara ; une jeune fille aussi héroïque peut bien faire de celui qu’elle aime un petit héros . »
Malheureusement, son amour se heurte à un obstacle insoupçonné : Wieck refuse, avec violence, de lui consentir la main de sa fille. Robert lutte, subissant insultes, humiliations et diffamations. Wieck s’emploie à semer le doute et la discorde entre les amoureux. Il interdit toute entrevue, tout message et envoie continûment Clara en tournée. Lorsqu’elle est à Leipzig, il se livre à une surveillance implacable et exerce sur elle un chantage sentimental. Durant cinq ans, la vie de Robert est rythmée par ces persécutions. Au cours de l’année 1839, « las à mourir, ahuri par la souffrance », éprouvé par le décès de son frère Édouard, il sent un assèchement de toute vie en lui et il est de nouveau gagné par la hantise du suicide. Clara est à la fois sa passion et son tourment. Dans cette phase de presque folie et d’ivresse créatrice, la création endigue son désarroi et sa désagrégation mentale. Il enfante la Fantaisie en do, opus 17, tissée de renoncement et d’espoir. Néanmoins, lorsque la solitude morale est trop massive, il verse, comme il en a pris l’habitude, dans les excès de boisson, défense maniaque contre la « maladie mortelle » du désespoir.
Il finit par déposer une plainte contre Wieck et obtenir des tribunaux l’autorisation d’épouser Clara, ce qu’il fera le 12 septembre 1840, dans la petite église de Schönefeld aux environs de Leipzig. Il a maintenant trente ans. Dans cette période d’embellie, il chante son bonheur d’aimer : Clara et la musique sont toute sa vie ! Émerveillé par le chant, il se consacre à la musique vocale : « Je voudrais chanter jusqu’à en mourir, comme le rossignol – j’ai écrit douze lieder – je n’y pense déjà plus ayant mis en train quelque chose de nouveau . » Dans cette nouvelle expérience du lied, qui vient remplacer le piano seul, il réalise l’union de la poésie et de la musique, dont il a tant rêvé. En cette année nuptiale, il n’écrit pas moins de cent trente lieder : les cycles se succèdent sur des poèmes de Rückert , Andersen, Eichendorff ou Heine, dont la sensibilité colle à sa peau de musicien. Il trouve dans Faust de Goethe et dans L’homme qui a perdu son ombre de Chamisso, la hantise de l’inconciliable dualité de l’homme. C’est un jaillissement ininterrompu : « Personne parmi les vivants n’est doué comme tu l’es, s’écrie Clara subjuguée. En même temps que mon amour, augmente aussi mon admiration. » Viennent ensuite sa Première symphonie, trois Quators à cordes, son Quintette et Le paradis et la Péri, son premier oratorio, inspiré du Lalla Rookh, une romance orientale de Thomas Moore.Il cherche à résoudre la dualité de son être.
Si Clara le vénère, ses quatorze années de vie avec lui n’en seront pas moins jalonnées de difficultés et d’abnégations. Elle doit surtout faire le sacrifice de sa carrière de concertiste. Scandé par les créations, le quotidien est assombri par les perpétuelles angoisses, la maladie humorale, les mutismes et les jalousies.S’y ajoutent la responsabilité de nombreux enfants et la mort précoce ou la folie de plusieurs d’entre eux. C’est d’abord une fille qui voit le jour le 1er septembre 1841 ; Félix Mendelssohn en est le parrain. Pour Robert, « les enfants sont une bénédiction ; on ne saurait en avoir assez ». Le couple en aura huit : Marie, Élise, Julie, Émil, Ludwig (enfermé vingt-sept mois durant dans une maison de santé pour cause de mélancolie), Ferdinand, Eugénie et Félix. Né le 8 février 1846, Émil, dont le prénom rappelait celui de la sœur de Robert, meurt le 22 juin 1847, en bas âge. Félix, lui, ne connaîtra jamais son père. Cinq sur les huit enfants sont de constitution fragile et seules trois filles, Marie, Élise et Eugénie, survivront à leurs parents.
Clara se trouve souvent désemparée par la cyclothymie de son mari, l’amour qu’elle lui voue ne peut le guérir. Tous deux, qui se sont longtemps attendus, ne cessent de se heurter. Rares sont les instants où la clarté l’emporte sur l’ombre ! Robert se cherche désespérément à travers la dualité de son être. Dans sa musique, elle se manifeste dès les Papillons, où l’angoisse est présente à chaque instant. Puis, dans le Carnaval, une fête de masques, où les silhouettes d’Eusébius et de Florestan se dessinent au milieu de personnages énigmatiques. En se dédoublant dans deux frères jumeaux et ennemis, accompagnés de Raro, leur conciliateur, il s’efforce de faire cohabiter les aspects contradictoires de sa personnalité. Il compose tantôt conquérant avec l’un, tantôt mélancolique avec l’autre. D’un côté, Eusébius, rêveur pudique et douloureux, s’enivre de clair de lune. Il incarne l’intériorité, la tendresse, la part féminine de l’artiste et porte à leur zénith les thèmes mélancoliques. De l’autre, Florestan est volubile, fougueux, actif, sujet aux élans passionnés. Il n’est à l’aise que dans le tumulte, les rythmes martelés et les variations déroutantes. Schumann porte en lui ces deux « coquins », étrangers l’un à l’autre, confirmant ce qu’expriment singulièrement Novalis, pour qui « personne ne se connaît, tant qu’il n’est que lui-même, et non pas en même temps lui et un autre » ; Baudelaire, nourri de romantisme allemand, aux yeux duquel « l’artiste n’est artiste qu’à la condition d’être double et de n’ignorer aucun phénomène de sa double nature » ; ou Fernando Pessoa qui s’est donné quelque soixante-dix doubles littéraires : « Chacun de nous, disait-il, est plusieurs à soi seul, est nombreux, est une prolifération de soi-même… La littérature, comme l’art tout entier, est la preuve que la vie ne suffit pas. »
La vie et l’œuvre musicale de Schumann sont dominées par cette dualité, par cette bigarrure d’états et de sentiments contradictoires, par ce déséquilibre intérieur dans lequel finira par sombrer sa raison : « Sa déchirure est bien celle d’un être interminablement en deuil, en deuil d’autrui, mais aussi en deuil de soi-même . » Déjà, à dix-huit ans, dans son journal, se lisaient les premières traces de son monde imaginaire perturbé, de son obsession dépressive : elles ne le quitteront jamais. Il s’interrogeait de manière tragique : « Que serait un monde sans hommes ? Un cimetière sans bornes, un sommeil de mort sans cauchemars, une nature sans printemps et sans fleurs, un kaléidoscope sans images ? Et pourtant qu’est-ce que ce même monde habité par des hommes ? Un immense cimetière de songes évanouis, un sommeil de mort avec des rêves sanglants, un jardin planté de cyprès et de saules pleureurs, un kaléidoscope muet, avec des figures en larmes . »Songeons aussi à sa peur puérile, au printemps 1831, face à l’épidémie de choléra. Elle confine à la panique : « Je suis hors de moi à la pensée de mourir à présent, après avoir vécu vingt ans, sans accomplir autre chose que gaspiller de l’argent… Je suis dans une agitation et une indécision désastreuses, au point que je préférerais me tirer une balle dans la tête . » Tellement effrayé par la mort, il rédige son testament. Mais comment pourrait-il mourir alors qu’il a uniquement composé son premier opus : Variations sur le nom d’Abbeg ?
L’année suivante, il est contraint de renoncer à la carrière de virtuose à cause de l’infirmité de sa main droite. Obsédé par le talent de Paganini , au concert duquel il a assisté à Francfort, et dans son activité frénétique, propre à la manie, il s’est secrètement livré à des exercices traumatisants jusqu’au moment où le doigt violenté reste paralysé. Même si des notes de sa part attestent qu’il souffrait déjà d’une faiblesse congénitale de l’index et du majeur, il aurait immobilisé ce dernier, par une ligature accrochée au plafond, afin de mieux délier les doigts de part et d’autre. Avec une obstination farouche et désespérée, il essaie en vain tous les traitements. Devra-t-il renoncer à la musique ? Non, mais il ne sera jamais interprète : il passe définitivement dans le camp des créateurs. Il pâtit jusqu’au désespoir de cette infirmité, qui entrave son expression musicale : « Seigneur, pourquoi m’as-tu fait précisément cela ? En moi, la musique tout entière est si achevée et vivante que je voudrais l’exhaler, et voilà que je n’y parviens qu’avec peine, l’un de mes doigts chevauchant l’autre. C’est épouvantable, et j’en ai beaucoup souffert jusqu’à présent. » Cette lésion manuelle, ses espoirs déçus, les décès familiaux et la malaria, qu’il contracte lorsqu’il a vingt-trois ans, provoquent la grave crise qui le frappe alors. Nouvelle terreur !
Il se montre cependant d’une fécondité prodigieuse, même durant de tels épisodes pathologiques. Ainsi, à partir de 1836 et pendant dix ans, il se consacre à une tâche particulièrement absorbante. Il fonde une revue musicale moderne, où il fait preuve de remarquables dons d’analyste et de critique. Avec un cercle composé d’artistes, amoureux de la beauté et de la vérité, qu’il nomme les Davidsbündler, « Compagnons de David », il entreprend des campagnes contre le mauvais goût du public et les réputations usurpées. Il part en guerre contre les « philistins de la musique », les gloires mensongères, « la stupidité des foules et la bassesse de certains bonshommes qui ont le front de s’intituler : créateurs ». Dans cette croisade, il mobilise d’illustres collègues, comme Mendelssohn ; Berlioz, le père de La symphonie fantastique, passé à Leipzig en février 1843 ; Liszt, le prestidigitateur des Rhapsodies hongroises, dont les visites à Robert sont toujours cordiales ; Wagner, le génial auteur de la Tétralogie, qu’il retrouve à Dresde, lorsqu’il s’y installe en 1844."
Source : Gardou, C. (2006). Robert Schumann : de l'ombre de la folie à l'éclat de la musique. Reliance, no 19(1), 98-106.
Schumann et les musiciens de son temps
Robert Schumann entretenait des relations riches et variées avec les musiciens de son époque, et il a joué un rôle important dans la promotion et la défense de ses contemporains ainsi que des maîtres du passé. En tant que critique musical influent et fondateur de la revue Neue Zeitschrift für Musik, il a souvent exprimé son admiration pour des musiciens qu'il considérait comme de grands talents ou des forces innovatrices de son époque.
Soutien aux jeunes talents
Schumann utilisait sa plume pour promouvoir les musiciens qu'il admirait . Il était particulièrement attentif aux jeunes compositeurs prometteurs :
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Il fut émerveillé par le talent de Johannes Brahms, alors âgé de vingt ans, lorsqu'il le rencontra en 1853. Schumann devint un fervent défenseur de Brahms, le présentant à ses amis, le recommandant à un éditeur, et écrivant un article élogieux à son sujet dans sa revue musicale. Schumann a joué un rôle déterminant dans la carrière de Brahms en le présentant au monde musical comme un prodige. Dans son article intitulé "Nouveaux chemins" (1853), il qualifie Brahms de successeur de Beethoven et d'un des plus grands espoirs de la musique. Cette critique a contribué à lancer la carrière de Brahms.
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De même, il s'enthousiasma pour Frédéric Chopin et Hector Berlioz, encore peu connus à l'époque, et se lia d'amitié avec Franz Liszt. Schumann a été l'un des premiers à reconnaître le génie de Chopin. Dans une célèbre critique, il a écrit : "Chapeaux bas, messieurs, un génie !" après avoir découvert les premières œuvres de Chopin, comme ses Études. Il voyait en Chopin un poète du piano et un innovateur harmonique.
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Bien que les opinions de Schumann sur Berlioz aient parfois été mitigées, il a reconnu l'originalité et la puissance de la musique de Berlioz, notamment dans des œuvres comme la Symphonie fantastique. Il voyait en lui un compositeur audacieux et novateur. Il a consacré une critique musicale approfondie sur la "Symphonie fantastique". Deux versions de cette critique existent : l'une publiée en feuilleton dans la Neue Zeitschrift für Musik (1835) et une version révisée pour ses écrits complets (1852-1853) (voir la traduction de cette critique par Damien Colas dans la page des Sources).
Défense des maîtres du passé
Il promouvait également des musiciens déjà disparus tels que Beethoven, Mozart et Weber. Plus tard dans sa vie, Schumann se plongea dans l'œuvre de Bach, à une époque où ce dernier était peu joué, et devint membre de la Société Bach. Il a joué un rôle majeur dans la redécouverte et la diffusion de sa musique, notamment grâce à son étude approfondie du Clavier bien tempéré et son rôle dans la promotion des œuvres de Bach.
Amitiés musicales
Schumann entretenait des relations amicales avec plusieurs compositeurs de renom :
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Felix Mendelssohn était l'un de ses meilleurs amis. Leur amitié était si forte que les Schumann nommèrent leur dernier enfant Felix en son honneur. Schumann a souvent loué Mendelssohn pour son raffinement, son élégance et son sens classique. Il admirait particulièrement les œuvres orchestrales et les Romances sans paroles pour piano, tout en voyant en lui un modèle d'équilibre entre tradition et innovation.
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Il noua également des liens d'amitié avec Chopin et Liszt.
Découvertes et promotions
Schumann joua un rôle crucial dans la redécouverte de certaines œuvres :
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Bien que Schubert soit décédé avant que Schumann ne devienne critique, Schumann a grandement admiré ses œuvres. Il découvrit le manuscrit de la Symphonie n°9 en ut majeur (D 944) de Schubert lors d'une visite au frère du compositeur. Enthousiaste, il fit éditer l'œuvre et contribua ainsi à sa diffusion. Il voyait en Schubert une richesse mélodique et une profondeur émotionnelle incomparables.
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Même s'il n'a pas contribué (c'est le moins que l'on puisse dire) à l'épanouissement du génie créateur de Clara Schumann, Schumann a toujours soutenu la musique de sa femme, qu'il considérait comme une artiste exceptionnelle. Ses critiques sur ses compositions et son jeu pianistique étaient empreintes de respect et d'admiration.
Prises de position contre Les Philistins
Malgré ces nombreuses relations positives, Schumann pouvait aussi être critique envers certains compositeurs. Par exemple, il n'épargnait pas Meyerbeer, pourtant au sommet de sa gloire à l'époque. Il n'a en effet n’a pas hésité à exprimer des critiques virulentes envers ceux dont il désapprouvait la musique ou les orientations esthétiques. Il s'opposait particulièrement à des styles qu'il considérait comme superficiels, commerciaux ou dépourvus de profondeur artistique. Voici quelques musiciens et tendances qu'il a critiqués ou contre lesquels il a lutté :
1. Franz Liszt et la "Musique à Programme" :
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Bien que Schumann ait reconnu le talent exceptionnel de Liszt comme virtuose, il était sceptique à l'égard de la musique à programme, très associée à Liszt et à l'école de Weimar. Il considérait cette approche comme trop théâtrale et éloignée des idéaux de la musique pure.
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Les tensions étaient aussi esthétiques et philosophiques : Schumann privilégiait l'introspection et la richesse émotionnelle, alors que Liszt explorait des territoires plus grandiloquents.
2. Richard Wagner
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Schumann a montré peu d'enthousiasme pour Wagner, bien que leurs chemins se soient croisés dans le milieu musical allemand. Il était perplexe face à l'ambition monumentale des opéras de Wagner, notamment la révolution apportée par des œuvres comme L'Anneau du Nibelung.
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Il critiquait l'approche "totalisante" de Wagner, qui combinait musique, texte et théâtre, la jugeant parfois envahissante et détournant la musique de sa pureté intrinsèque.
3. Meyerbeer et l'Opéra Grandiose
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Schumann était un adversaire déclaré de Giacomo Meyerbeer et du genre de l’opéra grandiose français, qu’il trouvait superficiel et ostentatoire. Il critiquait ce qu'il percevait comme une obsession pour les effets spectaculaires et un manque de profondeur musicale et spirituelle.
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Les opéras de Meyerbeer, très populaires à l'époque, étaient souvent accusés par Schumann de plaire à un public de masse au détriment des valeurs artistiques.
4. Le style virtuose superficiel
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Schumann s’opposait à la virtuosité vide de sens, qu'il voyait dans les œuvres de compositeurs comme Henri Herz ou Thalberg. Il considérait leurs compositions comme des exercices de virtuosité visant uniquement à impressionner, sans véritable contenu émotionnel ou intellectuel.
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Il écrivait souvent que ces musiques flattaient le public mais n'apportaient rien à l'évolution artistique.
5. Nicolò Paganini (en partie)
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Bien que Schumann admirât certaines qualités de Paganini et qu'il ait même transcrit ses œuvres pour piano, il critiquait parfois l'accent mis sur le spectaculaire dans la musique du célèbre violoniste. Pour Schumann, la virtuosité devait servir une profondeur expressive et non devenir une fin en soi.
6. L'académisme et le conservatisme musical
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Schumann rejetait les compositeurs qui s'accrochaient aux conventions classiques de manière rigide et sans innovation. Il critiquait par exemple Carl Czerny, dont les études pédagogiques et les compositions étaient vues comme fonctionnelles mais dépourvues d'inspiration artistique.
7. Les compositeurs commerciaux ou "populaires"
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Schumann méprisait la musique qu'il qualifiait de commerciale ou destinée à plaire à un large public sans chercher à atteindre une profondeur artistique. Il dénonçait les œuvres "légères" ou celles qui exploitaient des modes passagères pour obtenir un succès facile.
8. Certaines œuvres italiennes de son temps
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Schumann avait peu de considération pour une grande partie de l'opéra italien contemporain, qu'il considérait comme tourné vers des mélodies plaisantes mais simplistes et manquant de complexité structurelle.
Motivations de ses critiques
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Vision romantique de l’art : Schumann défendait une conception élevée et spirituelle de la musique, qu'il voyait comme une quête d'absolu et de profondeur émotionnelle. Il rejetait tout ce qui pouvait lui sembler trivial ou trop ancré dans les attentes du public.
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Volonté de réforme : Par ses critiques, Schumann espérait élever les standards artistiques et guider les musiciens vers une expression plus authentique et novatrice.
Ces positions critiques ont parfois isolé Schumann, mais elles témoignent de son profond engagement envers une vision idéale de la musique, en phase avec l'esprit romantique de son époque.