top of page

Le Regard de l'Historien

Le chêne de Goethe

L'histoire du chêne de Goethe
« Gœthe Eiche »

​

​

Le chêne de Goethe, un symbole fort de l'humanisme européen en Allemagne

    L’Ettersberg est une montagne de Thuringe, ancien lieu de chasse préféré des ducs de Saxe-Weimar, située à une dizaine de km de la ville de Weimar, capitale du duché de Saxe-Weimar. Gœthe y habita de 1775 à 1832 avec d’autres membres éminents de la culture allemande tels que Schiller et Herder, plus tard Nietzsche y séjourna à son tour. Sur les pentes nord de la montagne se trouvait le château de chasse Ettersburg qui était devenu, à la fin du XVIIIe siècle, la résidence estivale de la veuve duchesse Anna Amalia et était l’un des lieux favoris de rencontre de l’élite des salons weimariens. C’est là que le jeune Goethe, alors âgé de moins de 30 ans, a réalisé ses premières pièces de théâtre sur une scène provisoire. Par la suite, devenu conseiller de la cour et ministre ducal responsable de la construction des routes, Goethe obtint la permission de visiter les parcs ducaux. Il avait coutume de d’effectuer de longues promenades sur l’Ettersberg en compagnie de son secrétaire Johann Peter Eckermann et de nombreux lieux portent la trace de ses pas.  Au pied du mont se trouvait le château de Charlotte von Stein l’amie intime et grand amour du poète à laquelle il écrivit 1.700 lettres et sur la pente nord, au milieu d’une forêt de hêtre (Buchenwald en allemand) se trouvait un chêne monumental nommé par la suite « Gœthe-Eiche » (le chêne de Gœthe) car il avait la réputation d’avoir abrité le poète lors de la rédaction du poème Wandrers Nachtlied I (Der vom Himmel du bits) ainsi que certains passages de son célèbre Faust dont la danse des sorcières de la nuit de Walpurgis. Eckermann, dans son livre « Entretiens avec Goethe dans les dernières années de sa vie », présente en date du 26 septembre 1827 le récit d’une promenade idyllique sur l’Ettersberg avec Gœthe où, assis, le dos tourné vers le chêne et dégustant un petit-déjeuner raffiné, le poète aurait dit : « Je venais souvent en ce lieu. Ici l’homme se sent comme la grande nature qui s’étend devant nos yeux – grand et libre – ce qu’il devrait toujours être ». Dans la seconde moitié du XIXe siècle, après la mort de Goethe, la forêt entourant le château d’Ettenburg devint pour les habitants de Weimar l’un des lieux favoris de leurs promenades du dimanche. Ils se reposaient dans le parc établi par le grand-duc Carl Alexander et, depuis 1901, pouvaient admirer la vue sur Weimar depuis la hauteur de la Bismarckturm (tour de Bismarck). De même, il leur était permis de déjeuner au restaurant forestier. Le chêne de Gœthe situé non loin de là était également un lieu de promenade très fréquenté par les habitants de Weimar, qui s’amusaient à rechercher sur le tronc de l’arbre les initiales que le poète et Charlotte von Stein avaient gravés sur l’écorce.

​

Extrait du blog "De paysage en paysage", par "Enkidou". Lien en page "Sources"

Un monstrueux retournement, symbole du renversement des valeurs propre à l'idéologie nazie.

 

Die Goethe-Eiche, traduit littéralement "le chêne de Goethe", est LE symbole du camp de concentration de Buchenwald et on ne trouve guère de récits ou de descriptions sur ce camp dans lesquels cet arbre n'ait pas sa place. Il peut sembler étrange qu'on parle autant d'un arbre dans le contexte d'un camp de concentration, mais celui qui ne connaît qu'un tant soit peu l'univers concentrationnaire aura vite fait de comprendre pourquoi cet arbre, au nom si éloquent, est devenu le symbole de la perversité nazie. Le camp de Buchenwald est situé sur l'Ettersberg, à huit kilomètres de Weimar qui fut un des hauts-lieux du classicisme allemand et qui comptait parmi ses habitants Schiller et Goethe. La légende de Weimar disait que Goethe avait l'habitude d'aller se promener, en compagnie de son secrétaire Eckermann, sur l'Ettersberg et que c'était justement sous ce chêne, qui se trouve maintenant dans l'enceinte du camp de concentration, qu'ils se reposaient et qu'ils discutaient. Il paraît même que les initiales gravées dans l'écorce de l'arbre étaient encore visibles en haut du tronc (l'arbre était encore jeune à l'époque de Goethe) à l'époque du camp.

C'est donc par ce triste contraste, le fait que l'arbre qui abritait des discussions philosophiques marquées par l'humanisme allemand, la tolérance et le raffinement intellectuel, se trouvait maintenant au sein d'un univers absurde, autoritaire et violent où toutes les valeurs humaines étaient piétinées, que cet arbre est devenu le symbole du camp de Buchenwald. Dans le même contexte, les détenus restaient souvent perplexes en constatant l'amour maladif des nazis pour l'ordre, la musique et la peinture classiques d'une part et leur brutalité sanguinaire envers les détenus d'autre part. Mais cette valeur symbolique se trouve encore amplifiée par un autre aspect, notamment le caractère volontairement sadique des nazis. De très nombreux témoignages expliquent de quelle manière les S.S. inventent des supplices toujours plus dégradants et douloureux pour assassiner les prisonniers et comment ils organisaient des concours pervers dont le perdant était tué. Les prisonniers devaient également se livrer au ridicule et à l'autodérision. Ainsi les meilleurs musiciens, vêtus d'uniformes rappelant les musiciens de cirque, formaient un orchestre qui jouait pendant que les prisonniers partaient tôt le matin rejoindre leurs kommandos respectifs et pendant le retour de ceux qui avaient survécu à la dure journée de travail. Rien n'était laissé au hasard et tout supplice était minutieusement organisé par les nazis. Les prisonniers qui s'étaient rendu compte de ce sarcasme ne pouvaient s'empêcher de croire, même si rien ne permet de le démontrer, que les nazis avaient fait exprès de construire le camp autour de cet arbre, pour que les prisonniers aient toujours le souffle des grandes valeurs humanistes à portée de main sans jamais pouvoir les atteindre.

 

L’arbre fut fauché par l’aviation américaine lors d’un bombardement en aôut 1944. Seule la souche subsiste aujourd’hui. Elle a été préservée.

 

Extrait de « Paris-philo.com », voir la page "Sources"

Le désir du retour à la Nature, refuge de l'humanité blessée. L'Arbre, l'Homme et la Forêt.

​

Une préoccupation écologique forte en Allemagne ...

​

Julia Klöckner, la ministre fédérale de l’Alimentation et de l’Agriculture, explique dans cette interview pourquoi elle a convoqué un « sommet sur les forêts ».

Martin Orth / 16.09.2019

​

La protection du climat par les forêts n’est pas seulement une tâche nationale. Quels sont vos objectifs à l’international ?
La collaboration avec nos experts et le secteur forestier allemand est très demandée à l’international. On s’intéresse au transfert des connaissances car notre secteur forestier est parvenu, au fil des décennies, à garder des forêts très productives et riches en réserves tout en préservant ses fonctions importantes pour l’environnement et la société. Face aux défis de demain, ce sera plus que jamais une tâche que de préserver nos connaissances en sylviculture, de les promouvoir et de les transmettre à tous les niveaux, du garde-forestier à l’ingénieur des forêts. La plateforme internationale « Forest education », en cours de création, doit y contribuer, nous nous y préparons avec les organisations pertinentes travaillant dans le monde entier. 

​

... et constante dans la sensibilité propre au romantisme allemand

« Über allen Gipfeln » est considéré par certains comme le plus beau des poèmes lyriques de Goethe. Ce lied, comme l’écrit le poète et traducteur du poème Jean Tardieu, prend l’aspect d’une plainte tranquille et résignée d’un cœur blessé qui a tout vécu, tout subi et qui est désormais en paix avec le monde.  : « Ce qui frappe, c’est que, dans une langue aussi riche que l’allemand en consonnes très sonores, c’est la mélodie de ses voyelles qui domine, avec une simplicité et une économie de moyens qui en font un chant inspiré, ou plutôt une plainte, mais une plainte tranquille et résignée, où la mort (sans que le mot soit prononcé) est quand même présente. Non pas dans son horreur, mais au contraire comme un fait naturel, une nécessité biologique. Une plante qui se fane et qui tombe… » Pour l’universitaire anglaise Elisabeth M. Wilkinson, spécialiste de la culture allemande, ce poème évoque un état d’âme, non pas comme une première lecture pourrait le laisser penser, en évoquant le silence de la soirée, mais en devenant le silence lui-même et toute la structure interne du poème renforce l’idée que l’état de repos est l’aboutissement inévitable de la vie en décrivant le cheminement vertical de la paix et du silence à travers l’espace, depuis le sommet des collines à la cime des arbres et des oiseaux qui y nichent pour atteindre finalement le voyageur situé au pied de l’arbre. Le poème se déplace simultanément de haut en bas suivant les ordres de la nature : du minéral au végétal, de l’animal à l’homme. La fusion du poète voyageur avec la Nature qui marque la fin du processus ne s’apparente pas à l’habituelle ouverture vers la Nature du poète romantique, c’est le poète qui au final est embrassé par la nature, « accueilli en son sein, comme le dernier maillon de l’échelle organique de l’ être. »

​

Sur toutes les cimes                    Le calme règne                                    Sur tous les sommets
La paix.                                           sur tous les sommets,                       est le repos
Au faîte des arbres                      sur toutes les cimes                            dans tous les feuillages
Tu saisiras                                      tu ressens                                            tu sens un souffle à peine;
Un souffle à peine.                       à peine un souffle
Au bois se taisent                         les petits oiseaux se taisent             les oiselets se taisent
les oiseaux                                     dans la forêt                                        dans le bois;
Attends ! Bientôt                          attends un peu, bientôt                    attends un peu, bientôt
Toi-même aussi                             te reposeras à ton tour                    Tu reposeras aussi.
Reposeras.

Traduction de Jean Tardieu. 
Gallimard, 1993

​

Extrait du blog "De paysage en paysage", par "Enkidou". Lien en page "Sources"

​

Wanderers Nachtlied de Goethe, mis en musique par Schubert. 

Matthias Goerne, baryton - Alexander Schmalcz, piano.

Captation d'un concert donné le 23-11-2008 Aula Magna de la Sapienza à Rome organisé par l'Institution universitaire des concerts.

​

Über allen Gipfeln

Über allen Gipfeln
Ist Ruh,
In allen Wipfeln
Spürest du
Kaum einen Hauch;
Die Vögelein schweigen im Walde.
Warte nur, balde
Ruhest du auch.

bottom of page