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VIENNE

Mahler à Vienne

Nommé premier chef à l’opéra de Hambourg en 1891, il y reste jusqu'en 1897. C'est son premier poste de longue durée.

En 1897 Mahler, avec l'aide de Brahms et du critique Hanslick, devient directeur artistique du prestigieux opéra de Vienne (il s'est converti au catholicisme en partie pour pouvoir obtenir ce poste dont les Juifs étaient alors exclus dans la pratique). Il y débute avec Lohengrin le 11 mai 1897.

Mahler ne se voyait nulle part ailleurs qu'à Vienne où il avait été reçu dès 1875  pour poursuivre ses études musicales et universitaires, en suivant avec ses condisciples Hugo Wolf et Hans Rott les enseignements de Julius Epstein (piano) et d'Anton Bruckner (harmonie). Avec eux il avait découvert Wagner avec passion.

Il passe les dix années suivantes (1897-1907) à Vienne et y acquiert une réputation de perfectionniste. Une analyse de ses relations avec les membres de l'orchestre confirme chez Gustav Mahler une tendance à obtenir d'eux le meilleur, jusque dans les plus petits détails. On dit par ailleurs qu'il imposa au public l'obligation d'assister à la représentation des opéras en leur entier sans quitter sa place, ce qui laisse supposer que l'on pouvait ne pas suivre cette règle jusque-là. À la Wiener Hofoper, il s'impose dans les opéras de Mozart, Beethoven et Wagner, entre autres, mais ne dédaigne pas non plus les répertoires italien, français et russe et veille aussi à présenter des œuvres contemporaines. Pendant cette période, il alterne la direction pour neuf mois de l’année et la composition le reste du temps — principalement à Maiernigg, où il possède une petite maison sur le Wörthersee — il y compose ses symphonies de la deuxième à la huitième.

La même année (1907), il voit mourir sa fille de cinq ans, Maria, qui décède d'une maladie infantile. Lui-même se découvre une maladie de cœur et perd son emploi à Vienne, après avoir défendu ses propres œuvres. Ce triple coup du sort, Mahler l’a involontairement anticipé quelques mois auparavant quand il compose le finale de sa sixième symphonie : ce finale comporte en effet, trois puissants et terribles coups de marteau censés symboliser trois coups du destin frappant fatalement un héros et le précipitant dans un gouffre de désespoir sans fond.

Dès 1886, sa vie sentimentale est orageuse. En novembre 1901, Gustav Mahler, alors directeur de l'opéra de Vienne et compositeur déjà célèbre, rencontre Alma Schindler (1879-1964), de dix-neuf ans sa cadette. Alma est la fille du peintre paysagiste Emil Schindler mort en 1892 ; sa mère s'est remariée avec le peintre Carl Moll, élève de Schindler. Issue d'un milieu cultivé et excellente pianiste, la jeune fille s'intéresse à l'art et étudie la composition avec Alexander von Zemlinsky, beau-frère et ancien professeur d'Arnold Schönberg. Fasciné par sa beauté et son indépendance d'esprit, Mahler l'épouse en 1902. Elle métamorphose la vie du compositeur qui rencontre, grâce à elle, des artistes éminents comme le poète dramatique Gerhart Hauptmann, les peintres Gustav Klimt et Koloman Moser ou le chef de file de l'avant-garde musicale viennoise Arnold Schönberg, dont Mahler devient le défenseur et le protecteur. Souvent sacrifiée au travail d'un mari exigeant, Alma renonce à la composition pour partager la vie intellectuelle et sensible de cet époux qu'elle considère alors « comme l'homme le plus noble, le plus pur » qu'elle ait jamais connu. Deux filles naissent en 1902 et 1904, Maria et Anna. Le 5 juillet 1907, l'aînée, Maria, décède, emportée par la scarlatine. Une grave crise éclate dans le couple au cours de l'été 1910 lorsque Alma, lui reprochant de ne pas faire son devoir d'époux, succombe au charme du jeune architecte Walter Gropius. Le divorce étant exclu, Mahler consulte Sigmund Freud avec lequel il effectue une discussion-promenade de quatre heures. L'entretien semble avoir été bénéfique au compositeur qui écrit à sa femme : « … Suis joyeux. Conversation intéressante… » Alma accompagne Mahler dans sa quatrième saison aux États-Unis et reste à ses côtés jusqu'à la fin de sa vie.

La rencontre avec Alma Schindler en 1901, racontée par Alma

 

"Dès le premier instant, Mahler m'observa attentivement, non seulement à cause de mon visage que l'on aurait pu trouver « beau » à cette époque-là, mais aussi à cause de mon air piquant. A travers ses lunettes il m'étudiait longuement et minutieusement. Le dernier invité arrivé, nous passâmes à table. J'étais assise entre Klimt et Burckhard et nous formions un trio très gai, riant beaucoup. De l'autre côté de la table, Mahler observait et écoutait, discrètement tout d'abord et ensuite ouvertement. A la fin il dit tout haut avec envie : « Ne pourrions-nous pas aussi profiter des plaisanteries ? » Son infortunée voisine de table fut totalement ignorée ce soir-là !"

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