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Oskar KOKOSCHKA

(1886-1980)

Vers  1912,  le jeune peintre  Oskar Kokoschka qui commençait à connaitre la gloire, tomba amoureux fou d’Alma Mahler, de sept ans son aînée, qui venait de perdre son mari, le compositeur Gustave Mahler.

Depuis son apparition dans les salons de Vienne, toute jeune, Alma avait été très remarquée, admirée et désirée. Elle aura de nombreux amants et quelques maris dont Gustav Mahler et Walter Gropius, qu’elle épousera après sa rupture avec Kokoschka.

L’idylle d’Oskar et Alma fut mouvementée et ne dura que deux ou trois ans, ponctuée de séparations houleuses et de retrouvailles passionnées. Fasciné par sa belle, Oskar en peignit de nombreux portraits et en dessina de nombreuses esquisses (plus de 400). Un des tableaux les plus célèbres est celui de La Fiancée du Vent, cité dans un télégramme envoyé par l'artiste à son amante : « Chère Alma, nous sommes éternellement unis dans ma fiancée du vent » En guise de petits cadeaux pour toutes sortes d’occasions, il lui offrait des éventails sur lesquels il avait peint des étapes de leur vie amoureuse et ses propres fantasmes. Alma fut véritablement pour Oskar une égérie qui lui inspira de nombreux chefs d’œuvre.

Quand Alma se lassa de cette relation tumultueuse pour épouser le brillant architecte Walter Gropius avec lequel elle avait entamé une relation à l’époque de son mariage avec Gustav Mahler, Oskar sombra dans le plus grand des chagrins puis se ressaisit pour commander à Hermine Moss, une marionnettiste réputée pour son habileté, une poupée à l’effigie d’Alma, grandeur nature. La réalisation de la poupée prit environ 6 mois au cours desquels, Kokoschka écrivit régulièrement à Hermine pour lui donner des détails et lui envoyer des esquisses. Il voulait que la poupée soit l’exacte réplique de l’amour de sa vie. Cette histoire est bien connue grâce aux nombreux courriers que le peintre adressa à la couturière, des dessins et des notes extrêmement détaillées sur les mensurations et l’aspect de la poupée.

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Il semble d’ailleurs qu’Hermine Moss se soit complètement investie dans cette tâche, peut-être éprise de celui qu’elle appelait « Maître » (Meister) et confectionna par la suite une réplique du peintre et de Reisl, la servante qui s’occupait de la poupée, l’entretenait, l’habillait et la servait avec l’uniforme de soubrette que Kokoshka lui avait offert à cet usage.

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A partir du moment où le peintre fut en possession de la poupée, il ne s’en sépara plus. Il dormait avec elle, prenait ses repas avec elle-même lorsqu’il allait au restaurant, se promenait avec elle, recevait ses amis en sa présence. Il vivait une relation de couple très uni avec la réplique d’Alma. Tout le monde acceptait cette étrange compagnie, y comprit le poète Georg Trakl avec lequel il était lié. Reisl jouait le jeu avec dévouement.

La marionnette continua d’inspirer l’œuvre de Kokoshka comme Alma  de chair et d’os  l’avait fait.

Après quelques mois d’intimité avec sa poupée, Kokoschka organisa une grande fête avec de nombreux invités qui admirèrent la femme objet se la passant de main en main jusqu’à ce que quelqu’un, devançant sans doute le désir explicite ou implicite d’Oskar, lui trancha la tête. Tout le monde étant assez ivre, le corps décapité atterrit dans la fontaine du jardin.

Le lendemain matin, alors que tout le monde dormait encore, le facteur qui déposait le courrier dans la boite aux lettres aperçu une femme décapitée baignant dans le bassin d’eau. Affolé, il alerta immédiatement la police qui se rendit sur place pour constater que la femme était faite de laine et de crin. Les restes atterrirent dans une poubelle.

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