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Cadavres Exquis

Le surréalisme

Les poèmes entre bouts rimés et humour noir (de petites descriptions macabres sont présentées en toute fantaisie, sans aucune logique et sur un ton guilleret), rappellent les jeux de l'univers surréaliste. Ils semblent inspirés par le jeu du cadavre exquis 

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Le Dictionnaire abrégé du surréalisme donne du cadavre exquis la définition suivante : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. »

Ce jeu littéraire a été inventé à Paris, au 54 rue du Château, dans une maison où vivaient Marcel DuhamelJacques Prévertet Yves Tanguy. Le principe du jeu est le suivant : chaque participant écrit à tour de rôle une partie d'une phrase, dans l'ordre sujet–verbe–complément, sans savoir ce que le précédent a écrit. La première phrase qui résulta et qui donna le nom à ce jeu fut « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ». Il fait partie des créations inspirées par le concept d'inconscient, souhaitant explorer ses ressources.

Il n'était au départ qu'une activité ludique, selon André Breton : « Bien que, par mesure de défense, parfois, cette activité ait été dite, par nous, « expérimentale », nous y cherchions avant tout le divertissement. Ce que nous avons pu y découvrir d'enrichissant sous le rapport de la connaissance n'est venu qu'ensuite. »

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Participants

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Il y avait au début Yves TanguyMarcel DuhamelJacques PrévertBenjamin PeretPierre ReverdyAndré Breton, Marx Ernst et Frida Kahlo. D'autres participants les ont probablement rejoints, Max MoriseJoan MiróMan RaySimone Collinet,Tristan TzaraGeorges HugnetRené CharPaul ÉluardNusch ÉluardRobert Desnos et éventuellement, Henry Miller.

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Exemple

Princesse Brandon / déglutira / une petite mirabelle / gaiement / dans un cageot (André Breton, Recueil pour un Prélude, 1937)

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"Le Cadavre exquis, son exaltation" par André Breton


. . . "Le Cadavre exquis a pris naissance vers 1925 dans la vieille maison, depuis lors détruite (par suite des agrandissements de la gare Montparnasse) du 54, de la rue du Château . C'est là que, bien avant de se vouer à la prospection de la littérature américaine, Marcel Duhamel tirait de sa participation assez fantaisiste (mais de grand style) à l'industrie hôtelière de quoi héberger à demeure ses amis Jacques Prévert et Yves Tanguy, qui n'excellaient encore que dans l'art de vivre et de tout animer de leurs saillies. Benjamin Péret y fit aussi un long séjour . Le non-conformisme absolu, l'irrespect le plus général y étaient de mode, la plus belle humeur y régnait . Le temps était au plaisir et rien autre . Chaque soir ou presque nous réunissait autour d'une table où le Château-Yquem ne dédaignait pas de mêler sa note suave à celle, autrement tonique, de toutes sortes d'autres crus.

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Un Chien andalou, 1929, film fondé sur le principe du cadavre exquis

Un chien andalou est le film surréaliste par excellence. Son scénario est écrit en six jours par Buñuel et Dalí qui travaillent sur le mode du cadavre exquis, comme l'a raconté plus tard Luis Buñuel : « Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l'esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l'éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion. »

Le vers sur "La dame aveugle dont les yeux saignent" dans Le Bal masqué fait-il référence à la scène insoutenable qui fit la célébrité du film, celle d'une lame de rasoir ouvrant l'oeil d'une femme en gros plan, comme un écho de l'image eprécédente d'un nuage effilé traversant le disque de la lune  ? L'étrangeté de l'ensemble est délibérément onirique, selon le principe surréaliste défini par André Breton dans son Manifeste du surréalisme. Ainsi, dans Un chien andalou, rêve et réalité sont deux instances complémentaires : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, la surréalité […] c'est à sa conquête que je vais.»

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