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" Ma Bohême"

 

Un peu d'Histoire

Le Royaume de Bohême  était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque.

Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint-Empire jusqu'à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l'Empire d'Autriche, puis de l'Empire austro-hongrois. Après la défaite des puissances centrales lors de la Première Guerre mondiale et suite au traité de Versailles, l'Empire austro-hongrois fut dissous et la Bohême fut intégrée en 1918 dans la nouvelle République tchécoslovaque, laquelle se scinda 75 ans plus tard (1993) en deux États indépendants, la République tchèque et la Slovaquie.

Bien que certains anciens souverains de la Bohême aient bénéficié d'un titre royal héréditaire au cours des 11e et 12e siècles, les rivalités des ducs pour accéder au pouvoir en Bohême étaient virulentes. Finalement le royaume a été officiellement créé en 1198 par Ottokar Ier de Bohême qui est reconnu par l'empereur Henri VI comme prince suzerain de Bohême en 1192 mais rapidement écarté du trône par une conspiration de nobles.

Le royaume de Bohême sous Ottokar Ier, la dynastie des Przmyslites (12e-14e siècles)

En 1197, Ottokar Ier conclut avec frère Vladislav Jindrich un accord par lequel ce dernier se contente du margraviat de Moravie. Tirant avantage des luttes pour la succession au titre impérial entre les partisans des Hohenstaufen et les guelfes soutenant Othon IV, il se proclame roi de Bohême en 1198. Il est élu roi des Romains la même année et reconnu par le pape Innocent III.

En 1204, l'empereur Otton IV du Saint-Empire reconnaît le pouvoir d'Ottokar Ier sur le royaume de Bohême puis une bulle royale, la bulle d'or de Sicile, délivrée par Frédéric de Hohenstaufen confirme en 1212 l’élévation du duché de Bohême en royaume avec officiellement le statut royal.

Avec l'assassinat du roi Venceslas III Przemysl en 1306, la dynastie prend fin, mais le royaume subsiste.

Le royaume de Bohême ainsi que ses dépendances (la Lusace, le margraviat de Moravie ainsi que le duché de Silésie) prennent le nom de pays de la couronne de saint Venceslas.

Le royaume de Bohême au 15e siècle

Le royaume de Bohême fait alors partie du Saint-Empire romain germanique et le roi de Bohême est l'un des sept princes-électeurs d'après la bulle d'or.

En 1310Élisabeth de Bohême, fille et héritière du roi Venceslas II, épouse Jean de Luxembourg. Leur fils Charles devient roi de Bohême en 1346 et empereur du Saint-Empire romain germanique en 1355, date qui marque le début d’un âge d'or en Bohême. L’université de Prague (Universitas Pragensis en latin), la première université d’Europe centrale, est fondée en 1347Prague devient de facto la capitale du Saint-Empire et Charles IV entreprend de l'embellir : le pont Charles, en pierre, remplace un pont de bois entre Malá Strana et la Vieille-Ville de Prague, la Nouvelle-Ville double la superficie de la ville, le château de Prague se couvre de nouveaux édifices avec, entre autres, la cathédrale Saint-Guy en faisant appel à l'architecte Mathieu d’Arras. Au sud de Prague, Charles fait édifier le château-fort de Karlštejn, bijou de l'architecture fortifiée gothique.

Le roi de Bohême Charles IV du Saint-Empire règne alors sur les pays dit « de la Couronne de Bohême » : BohêmeMoravieLusaceSilésiePrague est la capitale rayonnante du royaume, comptant environ cinquante mille habitants. Le roi gouverne avec la haute noblesse et le haut clergé, et sa cour attire de nombreux artistes italiensallemandsfrançais. Le royaume de Bohême est peuplé de Tchèques et d'Allemands.

Le prédicateur et réformateur Jan Hus, les Hussites (15e-16e siècles)

Charles IV meurt en 1378 et Venceslas Ier, son successeur, est peu capable. La peste finit de ravager le pays en 1380. Le pays devient peu sûr.

Prédicateur depuis 1402, à la chapelle de Bethléem de PragueJan Hus prêche, avec d'autres, un retour à l'Église apostolique, spirituelle et pauvre. Il pense que la réforme de l'Église doit passer par le pouvoir laïc. Ces propos trouvent des échos dans la haute noblesse, qui voit la possibilité de s'attribuer les biens ecclésiastiques.

Les hussites sont divisés en deux groupes : les utraquistes praguois et les radicaux taborites. La Bohême se divise : la majorité devient hussite, mais quelques villes restent catholiques (Plzeň et les villes moraves de Brno et Olomouc, ainsi que la Silésie et la Lusace).

Le 30 juillet 1419, une procession dans la Nouvelle Ville de Prague, conduite par Jan Želivský, prédicateur à Notre-Dame des Neiges, est atteinte par des pierres. Des émeutes éclatent et les hussites prennent l'hôtel de ville, défenestrant les échevins. Le mois suivant, la mort de Venceslas Ier provoque des émeutes marquées par des profanations iconoclastes.

Le refus par l'empereur Sigismond Ier d'accepter les Articles de Prague provoque les guerres hussites qui déchirent le pays de 1419 à 1436. Conduits par Jan Žižka (mort en 1424) puis Procope Le Grand, les hussites remportent maintes batailles, ce qui ouvre la voie aux pourparlers qui aboutissent sur un compromis, les Compacta (1433) avec les revendications hussites.

Les taborites (l'aile gauche du mouvement hussite) se soulèvent encore et sont vaincus à la bataille de Lipany en 1434 par les hussites modérés alliés aux catholiques. En 1436, la diète d'Iglau reconfirme les Compacta. En 1458, les hussites et les catholiques s'entendent pour élire Georges de Poděbrady, représentant le juste milieu hussite, sur le trône de Bohême. La diète du royaume de Bohême, réunie à Kutná Hora en 1485, confirme une nouvelle fois les Compacta, qui resteront applicables dans le royaume de Bohême jusqu'en 1567.

 

Les Habsbourg (1526-1918)

À la mort du roi Louis, en 1526, Ferdinand Ier de Habsbourg, frère et successeur de Charles Quint à la couronne impériale, est élu roi de Bohême. Le royaume est alors intégré à la monarchie des Habsbourg mais conserve une autonomie au sein de celle-ci.

Cependant, à la fin du 16e siècle, la majorité de la population et de la noblesse du royaume de Bohême a adhéré au protestantisme. En 1609, les Tchèques obtiennent par une lettre de majesté de Rodolphe II des garanties sur la liberté religieuse et une certaine autonomie. Mais En 1617, l’empereur Matthias Ier du Saint-Empire est sans descendance. Afin de conserver le titre impérial aux Habsbourg, Matthias Ier souhaite que celui-ci revienne à son cousin germain Ferdinand de Styrie : Il lui abandonne donc le titre de roi de Bohême en 1617, avec la perspective de le voir ainsi accéder à la dignité impériale à sa mort.

Or, Ferdinand, catholique zélé qui a été éduqué chez les jésuites, veut voir revenir la Bohême dans le giron de l’Église catholique. En conséquence, les Tchèques se révoltent. Plusieurs incidents, dont la défenestration de Prague, entraînent le déclenchement de la guerre de Trente Ans, qui ravage la Bohême et l'Europe tout entière.

Mais en 1620, les forces protestantes de Bohême sont défaites à la bataille de la Montagne Blanche. Les bouleversements sont importants et immédiats : le royaume de Bohême perd complètement son autonomie et devient une possession héréditaire des Habsbourg. Ceux-ci continueront à venir à Prague pour être couronnés rois de Bohême jusqu'en 1836, date où Ferdinand Ier sera le dernier empereur d'Autriche à être couronné roi de Bohême.

À la fin du 19e siècle, suite au Compromis austro-hongrois, les Tchèques demandent à l'Empereur Francois-Joseph un statut similaire à celui des Hongrois avec l'octroi de l'autonomie au royaume de Bohême. À la consternation des Tchèques, le projet sera finalement enterré en 1871 à cause de la forte opposition des Allemands de Bohême-Moravie et du gouvernement de Budapest.

La fin du Royaume de Bohême (1918)

En 1918, après la Grande Guerre, l'empire d'Autriche-Hongrie fut dissous et le dernier roi de Bohême, Charles III (qui était aussi l'empereur Charles Ier d'Autriche et le roi Charles IV de Hongrie), abdiqua. Le territoire fut intégré à la République tchécoslovaque.

Le château de Prague présente au public les joyaux de la couronne du royaume de Bohême.

L'Épopée slave (Slovanská epopej) est un ensemble de 20 tableaux (dont un triptyque), peints par Alfons Mucha (1860-1939), un des artistes phares de l'Art nouveau.

 

D'inspiration nationaliste et symboliste, les toiles racontent l'histoire des Slaves chronologiquement du 3e au 20e siècles, à travers dix événements représentatifs. Cette œuvre a été présentée à Prague le 28 octobre 1928, à l'occasion du dixième anniversaire de la Tchécoslovaquie. Elle a été exposée au château de Moravsky Krumlov, dans la région de Brno en Moravie du sud pendant de longues années jusqu'à son transfert à Prague le 10 mai 2012. Elle est depuis, exposée dans le hall de l'ancien Palais des foires de Prague (Veletržní palác) transformé en galerie d'art.

Prague

Prague est située en plein cœur de l'Europe centrale. Elle fut par le passé capitale du royaume de Bohême, du Saint-Empire romain germanique et de la Tchécoslovaquie. La ville aux mille tours et mille clochers (qui est encore la caractéristique architecturale de la ville) a miraculeusement échappé aux destructions de la Seconde Guerre mondiale et offre une architecture mêlant les styles préromanromangothiquebaroquerococoArt nouveau et cubiste.

Prague du temps de Dvořák

 

En 1848, toute l'Europe démocratique se soulève contre ses monarques et Prague est l'un des centres les plus radicaux en la matière. Cependant, le prince de Windisch-Graetz entre dans la ville le 27 juin 1848, et dissout dans le sang la Diète tchèque.

Comme beaucoup de capitales européennes, Prague absorbe ses banlieues lors de l'explosion urbaine du 19e siècle : Josefov en 1850, Vyšehrad en 1883 puis Holešovice et Bubny  un an plus tard suivis de Libeň en 1901, donnant naissance à un ensemble de douze districts s’étendant sur 496 km².

Prague, où se côtoient toujours et s'affrontent souvent TchèquesAllemands et Juifs, devient un véritable « bouillon de culture ». La rivalité entre les communautés marque l'architecture de la ville : au Théâtre national tchèque (projeté dès 1844, achevé en 1881) fait pendant le Neuer Deutscher Theater (1883-1888) ; la galerie nationale de Prague abrite, depuis 1796, les collections de la noblesse (pro-allemande) de Bohême ? Qu'à cela ne tienne, les Tchèques fondent en 1818 leur musée patriotique de Bohême. Le Rudolfinum, offert en 1885 à la « nation tchèque » par la première banque du royaume de Bohême est, sage compromis, dédié au prince-héritier Rodolphe de Habsbourg.

Les fortifications du Moyen Âge sont progressivement abattues pour faire place à une ville en pleine croissance (elle atteint le demi-million d'habitants à la fin du siècle). Les Tchèques prennent peu à peu le pouvoir et leur revanche : ils ont la majorité du premier conseil municipal en 1861.

En 1884, la municipalité met en place un plan de régulation de la Vltava et entreprend, en parallèle, l'assainissement du quartier de Josefov, peu ou prou rasé et reconstruit selon des critères hygiénistes avec rues larges, tout-à-l'égout, gaz, etc., en copiant les idées de Haussmann. Quelques années plus tard, elle se dote du tramway.

La traversée du 20e siècle

Immédiatement après la prise de pouvoir de Hitler, Prague devient un lieu d'exil de nombreux Allemands, du fait de sa proximité géographique avec Berlin, du siège du parti social-démocrate allemand exilé, le SoPaDe et parce qu'on parlait allemand. C'est ici que le SoPaDe a publié son Manifeste de Prague qui incitait au soulèvement contre Hitler en janvier 1934.

Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Prague accueille les réfugiés tchèques expulsés, des Sudètes rattachés au Troisième Reich à la suite des accords de Munich. Le 15 mars 1939, la Bohême-Moravie est conquise dans son intégralité et Adolf Hitler parade au Château de Prague. Les universités et grandes écoles sont fermées et les manifestations estudiantines réprimées dans le sang. Le 27 mai 1942, dans Hradčany, un attentat coûte la vie au SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich, surnommé « le bourreau ».

Prague perd une part importante, sinon en nombre, du moins en ce qu'elle participait indéniablement au rayonnement culturel de la ville, de sa population. Exilés, suicidés ou déportés au camp de concentration de Theresienstadt ou ailleurs, la communauté juive de Prague est décimée.

Peu après la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste tchécoslovaque monte en puissance. Les élections de 1946 et de 1948donnent la majorité aux communistes à Prague, qui s'emparent totalement du pouvoir en février 1948, avec le Coup de Prague. En 1968, le Printemps de Prague et l'écrasement du « Socialisme à visage humain » par les troupes de l'URSS et du pacte de Varsovie ont profondément marqué les Praguois et inspiré la culture des années 1960-1980.

La Révolution de velours, en 1989, marque pour Prague comme pour le reste du pays une seconde Libération : la toute-puissance du parti unique et de sa police politique s'effondrent, les libertés démocratiques sont rétablies, les symboles de la dictature sont supprimés et les noms de certaines rues, places ou stations du métro sont « démocratisés ». L'écrivain Vaclav Havel est élu président de la République et s'installe au château de Prague. Le pape Jean-Paul II et le président George H. W. Bush se déplacent alors jusqu'à Prague.

 

Depuis 1992, le centre ville historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO. Le 1er janvier 1993, Prague devient la capitale de la République tchèque.

Hospodine, pomiluj ny  (kyrie eleison) : le plus ancien hymne saxon, datant du 10e ou 11e siècle et chanté lors du couronnement des rois de Bohême. 

Dvořák reprendra les paroles de cet hymne dans son oratorio Santa Ludmila (1886), évoquant l'histoire tragique de Ludmila (860-921), reine fondatrice de la dynastie chrétienne des Rois de Bohême.

Il n'est pas possible de comprendre le compositeur sans prendre la mesure de son attachement à sa terre natale, la Bohême, et à sa chère ville de Prague, attachement rendu plus profond encore par les aléas de l'Histoire. La Bohême, c'est cette région bien identifiée mais enclavée entre l'Allemagne protestante et la catholique Autriche, et donc premier théâtre de toutes les guerres de religion et de tous les conflits politiques entre ces deux puissantes entités... sans parler de la proximité à la fois attirante et inquiétante de la grande soeur Slave, la Sainte Russie orthodoxe, puis l'URSS du 20e siècle.

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