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Danses hongroises

Enregistrements par Edison  :

enregistrement de Brahms jouant lui-même sa Danse hongroise n°1 en 1889 ; enregistrement de  Joachim jouant en 1903 son arrangement pour violon et piano de la Danse hongroise n°1 (le plus ancien enregistrement de violon).

Brahms le Hongrois ? En 1848, "les Hongrois chassés par la révolution arrivent à Hambourg et le jeune musicien s'imprègne de leurs tournures si séduisantes" (Brigitte François-Sappey, De Brahms à Mahler et Strauss, le post-romantisme musical, Fayard, 2010). "À vingt ans, il quitte le Nord pour une tournée de concerts avec le violoniste hongrois Eduard Reményi. Il rencontre le violoniste  Joseph Joachim à Hanovre et Franz Liszt à Weimar, deux Hongrois... Le penchant de Brahms pour les musiques tziganes remonte à ses années hambourgeoises et se renforce dans l'empire austro-hongrois". (Idem). De ces découvertes et amitiés naissent plusieurs thèmes inoubliables, qui enchâssent le rythme et la vitalité de cette musique populaire  dans la parfaite maîtrise d'écriture de Brahms. Pensons bien sûr aux Danses hongroises (dont Joseph Joachim lui-même en 1903 nous a livré un enregistrement sonore encore audible) mais aussi le Rondo alla Zingarese du Quatuor n°1 op. 25 ou Zigeunerlieder, pour ne citer que ceux-là, ainsi que ce sextuor op.1 n°18, dont le deuxième mouvement, un andante au caractère ample et marqué, est inspiré par cette influence. 

 

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L'un des jours de fête nationale en Hongrie est le 15 mars, date à laquelle a débuté la Révolution hongroise en 1848. Retour sur cette page importante de l’histoire magyare.

Après l’expulsion des Turcs et la tentative avortée de soulèvement menée par le prince transylvain Rákóczi Ferenc II contre les Habsbourg, la Hongrie n’a techniquement plus existé sur les cartes d’Europe puisqu’elle a été « engloutie » par l’Empire d’Autriche. Les prémices de la Révolution de 1848-49 n’ont cependant pas lieu en Hongrie mais à Vienne où une révolte éclate. La nouvelle arrive très peu de temps après à Pest – séparée de Buda – qui connaît alors des réformes libérales de grands hommes politiques tels que Kossuth Lajos, Deák Ferenc, Batthyány Lajos ou Széchenyi István. Le Cercle d’Opposition, un groupe conservateur, se réunit alors en parallèle du soulèvement de Vienne pour réaliser une liste de douze revendications proposée par le journaliste et député Irinyi József. Cette liste est appelée les « Douze Points » :

Ce que souhaite la nation hongroise : la paix, la liberté et l’entente.
1. Nous souhaitons la liberté de la presse, l’abolition de la censure.
2. Des ministères indépendants à Buda-Pest.
3. Une assemblée nationale annuelle à Pest.
4. L’égalité citoyenne et religieuse devant les lois.
5. Une garde nationale.
6. Un partage commun des impôts.
7. L’abolition des charges féodales.
8. Des tribunaux pour l’égalité de la défense.
9. Une banque nationale.
10. Que l’armée prête serment sur la constitution, que nos soldats hongrois ne soient pas appelés à l’étranger, que les soldats étrangers quittent le pays.
11. La libération des prisonniers politiques.
12. L’union avec la Transylvanie.

Égalité, Liberté, Fraternité.

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L’intervention russe aux côtés des Habsbourg met cependant fin aux espoirs hongrois : la Hongrie s’incline à la bataille de Temesvár et dépose les armes le 13 août 1849 à Világos. Des purges sont effectuées immédiatement après la capitulation sous les ordres de Haynau, c’est ainsi que sont exécutés les 13 généraux de l’armée hongroise à Arad que l’on appellera par la suite les 13 Martyrs d’Arad et le comte Batthyány Lajos dont les dernières paroles étaient : « Vive la patrie ! ».

Ce conflit a causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de soldats, ainsi que plusieurs hommes politiques, jeunes révolutionnaires et civils. Des sacrifices qui ont malgré tout permis à la Hongrie de renaître puisqu’en 1867 et avec le Compromis austro-hongrois, le pays refait son apparition sur la carte d’Europe, indépendante de l’Autriche.

Charlie Chaplin, Le Dictateur (1940). Scène du barbier, sur la Danse hongroise n°5

Il ne faut pas s'étonner que Brahms choisisse une de ses danses hongroises comme oeuvre emblématique pour un procédé d'enregistrement dont il a tout de suite pressenti la popularité :  la publication des Danses hongroises, pour lesquelles Brahms s’est inspiré d’airs tsiganes très connus, avait presque causé un scandale. En effet, Brahms ayant touché avec celles-ci un public beaucoup plus large qu’avec ses précédentes œuvres, d’autres musiciens, dont son vieil ami Reményi, ont tenté de se faire passer pour les auteurs de ces danses 

Les « Danses hongroises » figurent parmi les oeuvres qui ont le plus contribué à faire connaître au grand public, tant celui d'hier que celui d'aujourd'hui, le nom de Brahms. La fraîcheur, la vitalité et l'exubérance de ces oeuvres leur assurent un succès immédiat. Brahms les considérait comme des arrangements d'airs populaires tziganes. Elles tirent pleinement parti des possibilités offertes par le style tzigane hongrois et abondent en décalages rythmiques audacieux et cadences marquées. Brahms prit le soin de préciser qu'il n'était qu'un « arrangeur » de Danses hongroises et, pour cette raison, refusa qu'un numéro d' « opus » leur soit donné. Au 19e siècle, on identifiait la musique populaire hongroise à la musique tzigane : une erreur qui ne sera rectifiée qu'au 20e siècle -les premières recherches sérieuses sur la musique populaire hongroise, par Bartok et Kodaly. Outre des chansons et des danses paysannes, les tziganes utilisaient avant tout des mélodies citadines originaires des Balkans (18e-19e s.), qu'ils jouaient à leur manière, en les mêlant au folklore hongrois : gamme « tzigane », ornementation spécifique, rythmes particuliers, instrumentation typique : violon soliste, clarinette, basse (violoncelle ou contrebasse), cymbalum. La musique tzigane de Hongrie influence la musique savante 

Dates de composition : 1858-1868 pour les danses n° 1 à 10 ; 1880 pour les danses n° 11 à 21

Dates de création : 1er novembre 1868 (n° 1 à 10) ; 3 mai 1880 (n° 11 à 21)

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