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Aimez-vous Brahms...

Aimez-vous le 1er Sextuor ?

 Le succès de cette oeuvre "printanière" d'une sereine musicalité ne se démentit jamais. En témoigne à notre époque la longue suite de films qui n'ont pas craint de la mêler à leur intrigue : "Les Amants", de Louis Malle en 1958, "Star Trek: The Next Generation" épisode "Sarek" et en 2001 "La Leçon de Piano".

Le deuxième mouvement est utilisé comme musique pour le film de Louis Malle Les Amants.

http://www.ina.fr/video/I04310816

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La musique des "amants" vue par Louis Malle

Discorama, 3 juillet 1959 

Louis MALLE explique à Jean DESAILLY le choix d'une musique de Brahms (2ème mouvement de ce 1er sextuor) pour son film "Les Amants" (1958).

 

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Bande-annonce du film de Louis Malle avec ce 2ème mouvement 

En 1959 paraît un roman de Françoise Sagan dont le titre fait sensation, Aimez-vous Brahms… Interrogée par Pierre Dumayet, la jeune romancière explique que le choix de Brahms s’explique simplement par la musicalité du nom. 

"L'héroïne du roman  ,moderne et sophistiquée, rejette le monde conventionnel, rassurant et romantique que représente pour elle la musique de Brahms. Par contre, de son vivant et longtemps après, Brahms fut considéré, en particulier par les critiques et les facteurs du goût de l'époque, comme tout autre que conventionnel ou romantique. Sa musique était jugée difficile, académique, aride et guindée. En 1900, pendant la construction du Symphony Hall de Boston, certains farceurs avaient suggéré qu'on installe des panneaux au-dessus des portes qui diraient « Sortie en cas de Brahms »! En outre, quelques-uns de nos plus grands compositeurs ne voyaient pas du tout Brahms d'un bon oeil".

(entre autres, Tchaïkovski, Wolf, Mahler, Britten). 

Brahms lui-même était son critique le plus impitoyable. Il recherchait constamment l'avis et des paroles rassurantes de ses collègues et amis intimes. Toute œuvre qui n'arrivait pas à satisfaire ses rigoureux critères artistiques était illico détruite, comme le furent par exemple, parmi ses premiers efforts, une sonate pour violon en la mineur, un trio pour piano en ré mineur et un quatuor pour cordes en si bémol majeur, tous écrits avant 1853. Brahms disait avoir écrit et mis au rancart quelques vingt quatuors pour cordes avant de présenter formellement son premier (tout comme pour sa première symphonie, en domineur), bien que cela soit sans doute une exagération de sa part. Mais de fait, tout ce qui est resté de son œuvre se trouve sous le signe de l'excellence. Un biographe récent de Brahms suggère de façon espiègle que l'article le plus essentiel de son mobilier était sûrement sa corbeille à papier." (Robert Markow, Scena.org, 2002)

Comment Hans von Bülow fit découvrir Brahms  à son public 

"A partir de 1881, Brahms alla tous les ans passer quelques jours à Meiningen, invité par Hans de Bülow, qui était devenu son grand admirateur, et reçu avec toutes sortes d'égards à la cour ducale. Ce Hans de Bülow, qui en 1867 écrivait en parlant des œuvres de Brahms : « Pour moi, ce n'est pas de la musique », et encore : « Que m'importent les Br'd ? Brahms, Brahmüller, Brambach, Bruch, Bragiel, Breinecke, Brietz ? Ne parlons plus d'eux... Le seul qui m'intéresse est Braff ! » le même Hans de Bülow, en quête sans doute d'une nouvelle religion artistique depuis sa rupture avec Wagner, avait fini par jeter son dévolu sur Brahms. « Bach, Beethoven et Brahms! » tel était le mot d'ordre, le cri de ralliement, et les musiciens de la chapelle ducale, sous la conduite de leur remarquable chef, menaient ardemment la lutte à travers l'Allemagne. Les Concertos de Brahms, ses Symphonies, ses Ouvertures et ses Variations sur un thème de Haydn formèrent la partie la plus importante du répertoire de concert de Bülow et de ses « Meininger ». Un jour, Bülow n'hésita point à libeller ainsi un programme : « Concert d'abonnement du 3 février 1884. Première partie : 3e Symphonie de Johannes Brahms. — Deuxième partie :seconde audition de la 3e Symphonie de Johannes  Brahms. » Et il fit en effet exécuter l'œuvre deux fois de suite. [note : Pour être tout à fait exact, disons que le programme comportait cinq numéros, et que la symphonie de Brahms y figurait sous le deuxième et le quatrième.]. Brahms connut alors la popularité véritable. Il l'avait longtemps attendue : elle le grisa un peu. Ce n'était plus le jeune Brahms si timide, si réservé, ou du moins la timidité du Brahms d'aujourd'hui se manifestait d'une autre manière, par l'exagération de la confiance en soi ou plutôt des gestes, des paroles, des attitudes qui l'expriment. Maintenant, quand il entrait au milieu d'une assemblée d'artistes, Brahms avait l'allure sans façon d'un homme qui brutalement impose sa supériorité, d'un homme qui sent toute la force de ce fait indéniable : une renommée positive, — que cette idée n'abandonne point un seul instant, et qui n'a pas la politesse d'attendre que les autres s'en souviennent." (Paul Landormy)

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L'ovation du public

"Brahms assista, le 2 janvier 1897, au concert du Quatuor Joachim, où son Quintette en sol majeur fut exécuté avec un succès extraordinaire.   Il  se montra le 7 mars au Concert Philharmonique. Il n'était déjà plus que l'ombre de lui-même : « On commençait, raconte Hanslick, par la symphonie de Brahms en mi mineur. Aussitôt après le premier morceau, ce fut une telle tempête d'applaudissements que Brahms dut paraître au bord de la loge directoriale et saluer le public. L'ovation se renouvela après chacun des quatre morceaux ; et, après le final, elle menaça de s'éterniser. Un sentiment de profond respect et de douloureuse sympathie avait  envahi l'assemblée  entière   et nous avions  tous l'impression très  nette que, dans  cette salle,  nous applaudissions pour la dernière fois le pauvre maître aimé... » (Paul Landormy)

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