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Une éducation particulière

Les fées sur le berceau

 

La maison des Mendelssohn à Berlin est un lieu de rencontre pour l'élite intellectuelle que fréquentent, entre autres HegelHeine, et le premier maître de musique des enfants, Carl Friedrich Zelter. Félix et sa sœur Fanny se révèlent des enfants prodiges en musique. A douze ans, en 1821, pour l'anniversaire de son père, Félix compose son premier opéra, Les Deux Précepteurs, pièce qui ironise sur l'éducation rigoureuse qu'il reçoit. Pour autant, Mendelssohn ne se distingua pas par ses opéras, mais plutôt par sa musique symphonique, son œuvre pour piano, ses pièces religieuses et sa musique de chambre. Cette même année 1821, à douze ans, il rencontre Goethe, qui lui porte une grande admiration, déclarant notamment que ses facultés « tenaient du prodige »

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À seize ans, il a déjà composé ses douze symphonies pour orchestre à cordes, sa première symphonie, un octuor à cordes, ainsi que cinq concertos pour violon ou pour piano. Il joue avec sa sœur aînée Fanny Mendelssohn, également virtuose du piano, dont il reste très proche pendant toute sa vie.

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En tant que compositeur, Mendelssohn a atteint son apogée plus tôt que Mozart - peut-être en partie parce que son père avait une activité bancaire privée florissante et veillait à ce que ses quatre enfants reçoivent une éducation intensive et complète dans la maison familiale. Ou, peut-être que c'était juste la chance du tirage au sort. D'autre part, l'éducation de Mozart se faisait fréquemment sur la route, entre les concerts, les voitures, les locations, tout en voyageant dans les capitales musicales européennes à la recherche de tabatières en or.

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Le grand-père, Moses Mendelssohn, célèbre philosophe et rabbin, fondateur du judaïsme réformé a acquis, par lettre royale, pour lui et sa famille, des droits civiques, auxquels les juifs n'avaient normalement pas accès. Cela lui permet de s'allier, par mariage, au milieu des affaires. Abraham, le père de Felix, est un banquier berlinois prospère, qui finit par convertir sa famille au protestantisme. Le symbole de cette assimilation sociale est le nom de Bartholdy accolé au patronyme de Mendelssohn de partir de février 1823. 

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Le cadre de vie

 

 Le 18 février 1825, Abraham, le père de Mendelssohn, avait acheté une grande bâtisse à la Leipzigerstraße n ° 3, à Berlin, juste autour de la place octogonale, encore baroque, où l'on trouve aujourd'hui l'ambassade du Canada. Le manoir, imposant mais délabré, avait auparavant servi de moulin à soie et était à côté de la manufacture royale de porcelaine. Le plan d'Abraham Mendelssohn était de rendre ce manoir à sa destination première, celle d'une grande maison familiale. Abraham et sa femme Lea avaient même également prévu d'ajouter un troisième étage.

 

L'Etat prussien a acheté le bâtiment en 1856. Il devint la Chambre haute (Herrenhaus) du Parlement prussien. Un photographe inconnu a pris la photo de la maison des Mandelssohn peu de temps avant la démolition du bâtiment en 1898.

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Alors que le travail sur la maison se poursuivait, la famille emménagea dans une maison d'été (Gartenhaus) dans le jardin à l'arrière. Ce Gartenhaus se trouvait à l'extrémité d'une grande cour intérieure d'un demi-hectare, avec la maison principale et ses deux ailes, les écuries et la remise qui formaient les trois autres côtés. L'éducation musicale de Mendelssohn se poursuivit dans la maison familiale précédente de la Neue Promenade n ° 7. Mais les représentations musicales dominicales de la famille, commencées en 1822, se poursuivirent dans la maison d'été de 16 chambres, avec sa salle centrale peinte à la fresque. qui, selon le neveu de Félix, Sebastian Hensel, pouvait tenir 'plusieurs centaines d'auditeurs', même si une partie du public écoutait de l'extérieur, une fois ouvertes les portes coulissantes en verre qui donnaient sur un parc de près de 3 hectares.

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Une éducation complète

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C'était ici, vivant dans le Gartenhaus, avec des travaux de rénovation en plein essor, pendant les mois d'été et d'automne que Mendelssohn a écrit son premier chef-d'œuvre, l'octuor opus 20. C'est là qu'il composera l'année suivante l'ouverture du Songe d'une Nuit d'été, pétri de sa découverte enthousiaste du théâtre de Shakespeare, qu'il lit et joue avec son inséparable Fanny dans des représentations familiales. Sa capacité à se concentrer sur un projet et à accomplir plusieurs tâches était exceptionnelle. Un ami (Julius Schubring) se souvient avoir bavardé avec lui l'année suivante sur une variété de sujets sans rapport alors qu'il travaillait à composer l'Ouverture de la trompette en do - ou à "copier" comme le disait Mendelssohn, une œuvre orchestrale qui était déjà pleinement créée et notée dans son esprit, si ce n'est pas encore sur la page. L'éducation musicale de Mendelssohn était toujours en cours, en général avec celle de sa grande sœur Fanny, une musicienne exceptionnelle, qui commençait déjà à jouer le rôle de rédactrice de confiance pour Félix.  Schubring mentionne également la compétence de Mendelssohn en tant qu'athlète, effectuant régulièrement une vigoureuse séance d'exercices d'une demi-heure sur le poteau horizontal et les barres mis en place dans le jardin. Mendelssohn était également bon nageur et, comme toute la classe aisée de la jeunesse prussienne de l'époque, très bon cavalier. Il savait également bien danser, se gagnant beaucoup d'amis dans sa jeunesse, mais ne pouvait pas patiner. Curieusement, bien que bon joueur d'échecs, Mendelssohn a eu du mal avec les mathématiques. 

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Mendelssohn n'a pas fréquenté le gymnasium (le lycée), mais il a reçu une éducation complète avec des précepteurs comme Karl Wilhelm Ludwig Heyse qui lui enseigne la philologie. Félix traduit du latin et publie en 1825 une comédie de Terence. Il s'inscrit à l'université de Berlin en 1827. Il suit les cours de Hegel (qui fut lui aussi un enfant prodige) en esthétique ou philosophie de l'art, d'Eduard Gans en droit et histoire contemporaine, de Carl Ritter en géographie, de Leopold von Ranke en histoire, de Paul Erman et Martin Lichtenstein en zoologie. Il termine ses études au printemps 1829 à vingt ans. Il dirige au même moment une exécution de la Passion selon saint Matthieu de Bach qui fait époque dans le mouvement de redécouverte de la musique allemande.

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Les voyages n'étaient pas négligés. Mendelssohn avait visité Paris avant de composer l'Octuor. Par la suite,  le «grand tour» de Mendelssohn, qui dura plusieurs années, commença en 1829 avec des voyages en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles. Dans un âge antérieur à la photographie, le jeune voyageur a saisi beaucoup de scènes dans des croquis faits à la hâte et des aquarelles.  Son talent pour le dessin a donné lieu à quelque 300 œuvres.

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« Je veux dessiner chaque jour, afin d’emporter avec moi les croquis des endroits dont je désire conserver le souvenir », (Lettres inédites de Mendelssohn, traduites par Abraham-Auguste Rolland, Lettre XXIII, Rome, le 1er mars 1831, citation extraite de 10 petites choses... France-Musique)

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Dans une lettre adressée à sa compagne Marie d’Agoult, le compositeur Franz Liszt décrit ainsi son confrère Mendelssohn : « un homme d’un talent remarquable et un esprit très cultivé. Il dessine merveilleusement, joue du violon et de l’alto, lit couramment Homère en grec et parle avec facilité quatre ou cinq langues » (référence extraite de 10 petites choses... France-Musique)

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Le milieu familial

Hegel, enfant précoce

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La soeur de Hegel rapporte qu'il savait sa première déclinaison latine dès l'âge de cinq ans et que son précepteur lui offrit une édition des drames de Shakespeare pour ses huit ans. À l'âge de dix ans, son père lui fit apprendre la géométrie et l'astronomie. Les tragédies grecques étaient sa matière favorite. Il s'intéressait également à la botanique et à la physique.

Hegel lui-même se souvient avoir appris à l'âge de onze ans les définitions de Christian Wolff ainsi que les figures et règles du syllogisme, soit les bases de la logique

(source Wikipedia)

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