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MAHLER 1876

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Le Quatuor pour piano en la mineur est une des premières œuvres de Gustav Mahler, le premier mouvement d'un quatuor pour piano qui n'a apparemment jamais été achevé. Il s'agit de la seule oeuvre de musique de chambre sans partie vocale composée par Mahler.

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Les circonstances

 

Mahler a commencé à travailler sur le quatuor pour piano vers la fin de sa première année au Conservatoire de Vienne, quand il avait environ 15 ou 16 ans. La première représentation a eu lieu le 10 juillet 1876 au Conservatoire avec Mahler au piano mais il n'est pas certain au vu de la documentation qui nous reste que le quatuor ait été complet à ce moment-là. Dans plusieurs lettres, Mahler mentionne un quatuor ou un quintette, mais il n'y a pas de référence claire à ce quatuor pour piano. La concert a été donné ensuite en la maison du Dr Theodor Billroth, qui était un ami proche de Johannes Brahms. La dernière représentation connue du Quatuor au 19e siècle a été à Iglau, la ville de son enfance, le 12 septembre 1876, avec de nouveau Mahler au piano ; il a été joué avec une sonate pour violon de Mahler qui a disparu.

 

Il semble qu'à un moment Mahler ait souhaité publier le Quatuor, car le manuscrit subsistant, qui comprend 24 mesures d'un scherzo pour quatuor avec piano en sol mineur, porte le sceau de l'éditeur Theodor Rättig ; on en a déduit que Mahler lui a envoyé son travail, mais qu'il l'a rejeté. Après la redécouverte du manuscrit par Alma Mahler, veuve de Mahler dans les années 1960, l'œuvre fut créée aux États-Unis le 12 janvier 1964 à New York par Peter Serkin et le Quatuor Galimir. Quatre ans plus tard, il a été joué au Royaume-Uni le 1er juin 1968 à la Purcell Room de Londres par l'Ensemble Nemet.

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Le contexte  des oeuvres de jeunesse.

 

source : Encyclopedia Universalis

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Mésentente des parents, drames familiaux, marches et sonneries militaires, chants populaires, passion pour la littérature marquent Mahler jeune, et marqueront plus tard sa musique. Gustav Mahler naît le 7 juillet 1860 à KalištÄ›, petit village de Bohême non loin de la frontière de Moravie, dans une famille israélite de langue allemande. Son père est aubergiste. Après trois années (1875-1878) passées au conservatoire de Vienne, où son caractère entier se manifeste déjà et où il a comme condisciples Hugo Wolf et Hans Rott, il commence en 1880 sa double carrière de chef d'orchestre et de compositeur. Jusqu'en 1888, il occupe successivement des postes à Bad Hall, ville d'eau de Haute-Autriche (1880), à Laibach (aujourd'hui Ljubljana, 1881-1882), à Olmütz (aujourd'hui Olomouc, 1883), à Kassel (1883-1885), à Prague (1885-1886) et à Leipzig (1886-1888).

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La plupart des œuvres composées par Mahler jusque vers l'âge de vingt-trois ans sont perdues ou détruites. Du 5 mars 1880 est daté le lied Hans und Grete, composé avec deux autres lieder et la cantate Das klagende Lied pour une jeune fille passionnément aimée du nom de Joséphine Poisl. Das klagende Lied (Le Dit de la plainte), cantate pour soli, chœurs et orchestre, est la première œuvre importante à avoir survécu ; soumise plus tard à révision, elle date bien pour l'essentiel de 1880. Mahler ne put la faire jouer qu'en 1901, mais, en 1881, il la présenta à un jury, et Brahms, qui en faisait partie, la rejeta avec horreur. L'argument avait pourtant de quoi séduire : il s'agissait d'une légende moyenâgeuse proche de certains contes de Grimm, de celles qui avaient constitué l'univers des premiers écrivains et compositeurs romantiques allemands. Mais dans cette œuvre, une des plus personnelles écrites par un compositeur aussi jeune, on trouve déjà tout Mahler : ses côtés poétiques et pittoresques mais aussi profondément inquiétants, des mélodies avenantes entonnées par les cors mais aussi des rythmes de marche venant les briser. Das klagende Lied rend hommage au fantastique et au grotesque, et rappelle que Mahler était un lecteur assidu de E. T. A. Hoffmann. On entend, aux moments les plus dramatiques de cette histoire de meurtre, une sorte d'orphéon : cette première intervention, chez Mahler, d'un instrument de « bas étage » porte une atteinte sérieuse à la respectabilité et à la bienséance en musique, qui choqua certainement.

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Les géniaux compagnons errants de Mahler, Hugo Wolf et Hans Rott

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Durant ses années de formation, le jeune Gustav partagea sa chambre, sa pauvreté et ses aspirations musicales avec deux condisciples du Conservatoire de Vienne, Hugo Wolf (1860-1903) et Hans Rott (1858-1884). Nourris de Bruckner leur professeur et de Wagner leur modèle vénéré, tous trois noircissaient du papier à musique avec l'enthousiasme de la jeunesse : Hugo Wolf qui devait devenir le maître du lied de cette fin de siècle se lança en 1876 et au même âge que Mahler dans la composition d'un opéra wagnérien, König Alboïn, tiré d'une dramatique et même monstrueuse péripétie de l'histoire des Lombards au 6e siècle. Hans Rott, lui, s'inspirait lui aussi de Wagner dans l'écriture de sa première symphonie qui n'eut pas l'honneur de plaire à Brahms lorsqu'il la lui eut soumise. Hans Rott comme Hugo Wolf peuvent être vus comme les alter ego malchanceux de Gustav Mahler. Reconnus aujourd'hui comme des compositeurs géniaux mais incompris de leur vivant, ils sombrèrent tous deux dans la folie avant de mourir prématurément, Hugo Wolf à 43 ans, Hans Rott à 26.

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Hans Rott - Symphonie n° 1 en Mi Majeur (1880). Orchestre philharmonique du Staatstheater de Mayence, sous la direction Catherine Rückwardt.

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