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Et si l'on parlait de Fanny ...

Fanny (1805-1847), dans l’ombre de Felix

Très tôt, comme son frère, elle manifeste des dons musicaux. Son père et ensuite son frère l'empêcheront néanmoins de se consacrer totalement à sa première passion, la musique. Ainsi Abraham Mendelssohn écrit-il à sa fille le 16 juillet 1820 : « La musique sera peut-être pour lui (Félix) une profession mais pour toi elle ne peut et ne doit être qu'un agrément. » Il écrivit un an plus tard dans la même genre "La musique [...] sera toujours un accessoire, mais jamais le fondement de ton existence et de ta vie quotidienne". Fanny pourtant composa très jeune, se révélant être une pianiste extrêmement douée. Une preuve de son talent pourrait être l'apprentissage par cœur des préludes du Livre 1 du Clavier bien tempéré de Bach, qu'elle interprète en public à 13 ans.

 

Fanny entretient une relation très proche avec son frère Félix, de trois ans et demi son cadet. Il n'était pas rare que ce dernier aille chercher des conseils en matière de composition auprès de sa sœur, dont il respectait le goût musical. Plus tard, il encouragea le travail de composition de sa sœur, sans néanmoins l'inciter à s'y consacrer totalement.

Elle épouse en 1829 le peintre Wilhelm Hensel, dont elle aura un fils, Sebastian Ludwig Felix, le nom de ce dernier provenant des compositeurs favoris de Fanny. Son mari l'encourage à jouer, et contrairement à son père et son frère, l'incite à publier ses œuvres. Le mathématicien Kurt Hensel est leur petit-fils. Bien qu'elle ne voyage pas énormément, surtout si l'on compare avec son frère qui parcourt l'Europe, Fanny et son mari partent en 1839 pour l'Italie. Ils demeureront plus de 6 mois à Rome, où elle rencontre et impressionne les compositeurs français Berlioz et Charles Gounod. Ce dernier nous parle de Fanny comme d' "une musicienne incomparable, une pianiste remarquable et une femme d'un esprit supérieur".

 

À partir de 1843, elle supervise les concerts du dimanche matin à l'Elternhaus (orphelinat) de Berlin. Elle meurt d'une crise d'apoplexie à l'âge de 41 ans. Sa mort brutale plonge son frère dans le plus profond désespoir. Félix décède quelques mois plus tard du même mal, à l’âge de 38 ans.

Il est à noter que, d'après la pianiste Françoise Tillard, six des lieder de jeunesse de son frère Felix (dont Sehnsucht - Nostalgie - et Italien) ont en réalité été composés par Fanny, comme Félix le reconnaissait lui-même. Elle connut de nombreux poètes, tels Heinrich Heine, Joseph Freiherr von Eichendorff et Goethe dont elle mit les œuvres en musique.

C'est seulement en 1846 que Fanny Mendelssohn trouva le courage de commencer à publier ses œuvres, un catalogue de plus de 400 oeuvres, comprenant lieder, pièces pour piano, musique de chambre. 

Wilhelm Hensel (1794-1861)

 

Peintre allemand, frère de Luise Hensel , époux de Fanny Mendelssohn, et beau-frère de Felix Mendelssohn.

Wilhelm Hensel est le fils de Ludwig Hensel, pasteur, et de son épouse Johanna Albertina Trost. Sa plus jeune sœur Luise Maria sera une femme écrivain. Après une première instruction de son père, il va à l'école de sa ville natale.

En 1809, il s'inscrit à l'académie d'architecture de Berlin qu'il quitte pour aller à l'académie des arts de Berlin en 1811. A. Frisch, son professeur d'anatomie et de perspective, l'introduit dans la grande exposition de l'école l'année suivante. Son œuvre Le Christ au Mont des Oliviers est distinguée par le jury.

La campagne d'Allemagne en 1813 interrompt ses études. Il se porte volontaire dans l'armée, participe à la bataille de Bautzen et celle de Leipzig et est plusieurs fois blessé. Il est présent aux invasions de Paris en 1813 et 1815 lors du traité. Il en profite pour visiter les musées et les monuments.

À son retour à Berlin, il devient peintre de cour. Il contribue à la fête pour le tsar Alexandre Ier de Russie en 1821. S'inspirant de Lalla Rookh du poète Thomas Moore, il compose des tableaux vivants mettant en scène les invités. En récompense, l'empereur Frédéric-Guillaume III de Prusse lui offre une bourse de voyage. Hensel va à Rome de 1823 à 1828. Il étudie les maîtres anciens, notamment Raphaël.

Il revient à Berlin à l'automne 1828. Artiste indépendant, il reçoit des commandes, des décorations pour le Konzerthaus de Berlin comme Heinrich Dähling , Wilhelm von Schadow et Friedrich Tieck.

En 1829, il épouse la musicienne Fanny Mendelssohn, la fille du banquier Abraham Mendelssohn Bartholdy et sœur du compositeur Felix Mendelssohn. Ils auront un fils, Sebastian, et vivent chez les parents de Fanny. Le mathématicien Kurt Hensel est leur petit-fils.

Wilhelm Hensel est souvent à des salons et des réceptions. Il rencontre l'avocat Julius Eduard Hitzig, les écrivains Adelbert von ChamissoHelmina von ChézyErnst Theodor Amadeus HoffmannErnst von HouwaldFriedrich de La Motte-Fouqué et le musicien Ludwig Berger. Par Friedrich August von Stägemann, il fait la connaissance de Clemens BrentanoFerdinand von Bülow, les frères Ernst Ludwig et Ludwig Friedrich Leopold von GerlachAmalie von ImhoffMax von Schenkendorfet Wilhelm Müller. Il ira au salon de la fille de Stägemann, Hedwig von Olfers . En 1829, il devient un peintre de cour et élu au conseil d'administration de l'académie des arts de Berlin.

Il participe à la Révolution de Mars 1848 et compose des tableaux pour le Parti conservateur du Royaume de Prusse.

À sa mort, il est enterré à côté de sa femme (morte en 1847) dans le caveau de la famille Mendelssohn à Berlin.

Si ses premières œuvres sont influencés par le mouvement nazaréen, Wilhelm Hensel tend vers un réalisme romantique qui tirera ensuite plus vers le simple réalisme. Il fera plus de mille portraits à la plume ou au sépia.

Ses gravures sont souvent des commandes d'illustrations comme pour les livres de Ludwig Tieck.

Luise Hensel (1798-1876), poète religieux allemand 

Luise Maria Hensel est la fille d'un pasteur, elle est la sœur du peintre Wilhelm Hensel qui épousera Fanny Mendelssohn, la sœur du compositeur Felix Mendelssohn. Après la mort de son père, elle suit sa mère à Berlin. À l'âge de 14 ans, elle conclut "un pacte secret avec Dieu" après en avoir ressenti le besoin et réfléchi à une vérité. Elle se convertit le 7 décembre 1818 à la religion catholique auprès du prévôt Johannes Ambrosius Taube.

Le poète romantique Clemens Brentano et le compositeur Ludwig Berger sont amoureux d'elle en même temps. Mais elle demeure fidèle à la religion, même si elle fait attention au changement de Brentano qui lui a écrit une vingtaine de chansons. Wilhelm Müller devient aussi amoureux. Les poèmes sur cet amour non réciproque inspireront à Franz Schubert deux cycles, Die schöne Müllerin et Winterreise.

Elle quitte Berlin en 1819. Elle se met au service de la princesse Mimi Salm-Reifferscheidt-Krautheim und Dyck et la suit à Münster puis Düsseldorf. À Munster, elle est sous l'influence de Bernhard Heinrich Overberg  et à Düsseldorf, elle fait vœu de chasteté le 6 mars 1820 auprès du père Heinrich Wüsten.

En 1821, elle est professeur au service de la veuve du comte Friedrich Leopold de Stolberg. Elle reste à Sondermühlen jusqu'en 1823 et amène son développement religieux à la conclusion. Avec son fils adoptif Rudolf Rochs, le fils d'une de ses sœurs qui est morte à Berlin, elle déménage à Wiedenbrück en Westphalie pour l'éducation de son école. Elle mène une vie tranquille jusqu'en 1825. Elle fait la connaissance d'Anna Katharina Emmerick, religieuse mystique, porteuse de stigmates, la soigne et supervise sa succession après sa mort en 1824. Clemens Brentano les rencontre. Leur vieille amitié est l'occasion pour Luise de confier le travail littéraire de la religieuse et de le présenter après sa mort.

Chaque année, elle se rend quelques semaines au château de Knippenburg (de), la propriété de son ami Friedrich Carl Devens. Ses paysages lui inspirent de nombreux poèmes mélancoliques.

Dès lors, elle vit une vie de privations et fait de nombreux pèlerinages. En 1825 et 1826, elle va à Coblence, Sondermühlen, au couvent de Boppard. De 1827 à 1833, elle est éducatrice au couvent Saint-Léonard à Aix-la-Chapelle. Ses élèves seront Clara Fey et Françoise Schervier. Elle reçoit une demande en mariage de Clemens August Alertz (de), qui sera le médecin des papes Grégoire XVI et Pie IX, qu'elle refuse. De 1833 à 1837, elle vit à Berlin et à Dresde puis jusqu'en 1840 au couvent de Neuburg, dans la maison de l'épouse de Johann Friedrich Heinrich Schlosser.

 

En 1841, elle s'installe à Cologne où elle fonde une œuvre caritative. Elle fait connaissance des membres de la famille de Wilhelm Bartman  qui cherche une préceptrice pour ses neveux dont il s'occupe depuis la mort de leurs parents. De 1842 à fin 1849, elle s'occupe du ménage de la maison. En 1853, elle retourne à Wiedenbrück et y vit par intermittence jusqu'en 1872. Elle s'installe en 1873 à Paderborn pour aider Pauline von Mallinckrodt, une ancienne élève devenue religieuse.

Ses poèmes, d'abord publiées en 1858 avec ceux de sa sœur Wilhelmine, se distinguent par leur esprit de piété doux, fervent et langoureux. Une publication complète a lieu en 1869, suivie par des lettres publiées en 1878.

Fanny Mendelssohn - Sonate pour piano en do mineur (14 mn)

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