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L'ARTISTE ET SON OEUVRE

Jeunesse et formation

 

Amédée-Ernest Chausson est né à Paris le 20 janvier 1855, au 12 rue Pierre-Chausson, passage qui porte le nom de son grand-père paternel, lequel possédait des terrains dans ce 10e arrondissement de la capitale. Du côté de son père, ses ancêtres, originaires de Seine-et-Marne, étaient des maçons, menuisiers, entrepreneurs de bâtiments et de travaux publics qui s'étaient enrichis avec l'expansion de Paris. Du côté de sa mère, les Levreau, on trouve des cultivateurs de l'Oise et un notaire. La richesse bourgeoise de sa famille lui a permis de se consacrer entièrement à la musique.

Ses deux frères aînés étant morts jeunes, il vit une enfance solitaire dans le quartier Saint-Michel. Son éducation est confiée au précepteur Léon Brethous-Lafargue, auteur de romans et de poésies.

 

"Faudra-t-il donc toujours écouter et se taire ?
Faudra-t-il, abreuvés de honte et de colère,
Devant tout cet opprobre et tous ces attentats,
Toujours baisser la tête ou se croiser les bras ?
Ainsi donc, plus d'espoir. Libre de toute crainte,

Le crime sous nos yeux veut régner sans contrainte.
Les faibles sont tremblants : les forts sont abattus,
Ils souffrent en silence, et les temps ne sont plus

Où lorsque l'impudeur osait lever la tête

La justice aussitôt révélait un poète

Dont le vers indigné, frémissant de courroux

Ne quittait l'ennemi que brisé sous ses coups [...]"

Léon Brethous-Lafargue, Le Jugement, 1875

 

Il part en vacances à Trouville, Biarritz, Rome, Londres. Il obtient une licence en droit en mars 1876 et devient avocat-stagiaire en mai 1877. Introduit par Brethous-Lafargue, il fréquente le salon de Berthe de Rayssac à partir de 1875 environ. Il se passionne pour les arts, notamment la littérature, la peinture, et la musique.

Les débuts musicaux 

Au printemps 1878, sont publiées ses trois premières partitions : Sonatine pour piano à 4 mains, Chanson, et L'âme des bois. Vers la fin de l'année 1878, il commence à suivre des leçons dans la classe de Jules Massenet, au Conservatoire de Paris, d'abord en auditeur libre, puis en tant qu'élève officiel, de fin 1880 à juillet 1881. Pendant les vacances d'été de 1879, il voyage en Allemagne et assiste aux représentations du Vaisseau fantôme et de la Tétralogie de Richard Wagner. Chausson reviendra souvent à Bayreuth, assistant, par exemple, à la création de Parsifal. On dira même que Chausson est un Wagner français, ce qui n'est pas tout à fait vrai. En effet le compositeur écrira lui-même un jour : « Il faut se déwagnériser ».

En cet été 1878, il rencontre Vincent d'Indy, qui est alors également en vacances en Bavière, et qui restera un ami très proche. Bien plus tard, ce dernier terminera le quatuor opus 35 de Chausson, pour sa publication posthume. En mai 1881, poussé par Massenet, Chausson passe le concours d'essai pour le Prix de Rome, mais c'est un échec.

Chausson complète ses études de musique avec César Franck, l'organiste de Sainte-Clotilde.  Au delà de l'idée d'appartenir à un groupe de camarades (ce dont il rêve depuis son enfance), il est séduit chez Franck par la forme d'enseignement proche de celle qu'il connaît avec Brethous-Lafargue (on y parle de tout) et, du point de vue musical, par la rigueur de la forme, proche des compositeurs allemands qu'il a joués et aimés dans sa jeunesse. La musique de chambre y est mieux traitée que chez Massenet (sorte de machine "à avoir le Prix de Rome" de par sa position au Conservatoire). Les compositions de ce dernier n'ont jamais été hautement considérées par Chausson (contrairement à celles de Franck). Il vilipende ses "scènes hongroises" dans sa jeunesse et, bien des années plus tard, trouvera Werther "d'une incroyable platitude".


L'année 1882 le voit assister à la création de Parsifal à Bayreuth au milieu de nombreux wagnériens français. Il se marie l'année suivante avec Jeanne Escudier, occasion de nouer une nouvelle amitié avec son beau-frère le peintre Henry Lerolle.
Ses leçons avec Franck durent jusqu'en 1883. De cette époque datent plusieurs mélodies, pièces pour piano ou poèmes symphoniques avec chœur, mais surtout son Trio (op 3 - 1881), première œuvre "de raison", sensiblement influencée par Franck, et l'admirable pièce symphonique Viviane (op 5 - 1882). Ses relations avec le Maître continueront jusqu'à la mort de celui-ci (comme l'atteste sa tentative pour lui faire obtenir la Légion d'Honneur en 84) et le groupe des turbulents élèves perdurera au travers de la Société Nationale de Musique.

Vie musicale 

En mai 1882, Chausson participe à la création de l'Union des jeunes compositeurs, mais cette association ne dure pas, et Chausson rejoint bientôt la Société nationale de musique (SNM), qui présentera ses mélodies de l'opus 2, le 23 décembre 1882.

Il épouse Jeanne Escudier le 19 juin 18831, à la mairie du 8e arrondissement, ils auront cinq enfants. Ernest Chausson sera très heureux dans sa vie familiale. Albert Besnard exécutera en 1891 un portrait du couple.

Il est devenu, par les deux sœurs de son épouse, beau-frère de l'artiste peintre Henry Lerolle et de l'industriel et mécène Arthur Fontaine, ce qui lui permettra d'élargir le cercle de ses relations artistiques.

Avec ses amis musiciens d'Indy, Husson, et Duparc, il donne un nouvel élan aux Concerts populaires de Jules Pasdeloup, en s'engageant artistiquement et financièrement.

En novembre 1886, lors d'une assemblée de la SNM, Franck, d'Indy et Chausson poussent à la démission Saint-Saëns et Romain Bussine. Chausson en devient secrétaire, et prend ce rôle très à cœur, écrivant un volumineux courrier et apportant son soutien financier. Il reçoit chez lui, dans son hôtel particulier du 22 boulevard de Courcelles, nombre d'artistes majeurs de son temps, notamment Paul Dukas et Claude Debussy, avec qui il se lie d'amitié, ainsi que le peintre Eugène Carrière, qui réalise un portrait de famille que le compositeur placera dans son cabinet de travail, au-dessus de son piano. C'est à deux autres peintres, Maurice Denis et Odilon Redon, qu'il confie la décoration de sa demeure.

Chausson compose des œuvres courtes, telles que des chansons, et aussi des œuvres plus longues, telles que sa symphonie en si bémol majeur, et surtout un opéra, Le Roi Arthus, dont il rédige aussi le livret en 1885-1886, et dont la partition lui demandera sept années d'efforts, de 1887 à 1894.

L'accident fatal et la mort prématurée

Le 10 juin 1899, à Limay, il fait une chute de bicyclette et meurt peu après des suites d'une blessure à la tempe. Il avait 44 ans. Son Quatuor à cordes était presque terminé. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, division 67, chemin Hautoy.

Le catalogue

Ernest Chausson laisse environ 75 œuvres. Le catalogue relativement modeste comprend 39 numéros d’opus et 24 œuvres sans numéro d’opus. Parmi les plus connues, citons :

  • Poème pour violon et orchestre, op. 25

  • Son unique symphonie, la symphonie en si bémol majeur, op. 20

  • Son unique opéra, Le Roi Arthus, op. 23, représenté pour la première fois le 30 novembre 1903 au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles.

  • Poème de l'amour et de la mer, pour voix et orchestre, op. 19

  • Le Concert en ré pour piano, violon et quatuor à cordes, op. 21.

Influence

Selon le site ars-classical

 

La vie de Chausson couvre toute la seconde moitié du XIX° siècle, de la veille de la première Exposition Universelle de Paris à l’orée du siècle nouveau. Il s’intéressa sérieusement à la musique à un âge avancé, après avoir essayé l’écriture, le dessin et le droit (il devient avocat). Wagner et Massenet furent décisifs et sans eux, il n’aurait pu forger ce style si personnel qui fit sa réputation dans les salons parisiens.

Hormis le fait de sa venue tardive à la musique, de sa mort prématurée, Ernest Chausson a composé un nombre d’œuvres relativement important, représentant tous les genres, en seulement 17 années. Chausson est avant tout un intimiste. Formé à l’école de Massenet, Franck, Wagner, Beethoven et Schumann, il a su très vite se dégager de ces influences pour retrouver les chemins de la musique française initiée par Franck, Saint-Saëns, Dukas ou Debussy, et apparaître comme un acteur / témoin privilégié de la sensibilité musicale de son temps.   

Ernest Chausson, Poème de l'amour et de la mer. [(1882-1892) sur des poèmes de Maurice Bouchor]. Felicity Lott, soprano. Orchestre de la Suisse Romande dirigé par Armin Jordan, 2002

1. La Fleur des eaux

2. Interlude

3. La Mort de l"amour

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