Immense SCHUBERT
par Joseph_Willibrod_Mähler
Johann Michael Vogl, lithographie de Josef Kriehuber, 1830 Ami de Schubert, grand interprète des Lieder En 1813, Schubert, assistant à une représentation de Iphigénie en Tauride de Gluck dans laquelle Vogl chantait le rôle d'Oreste, fut vivement impressionné par le chanteur, et décida d'écrire pour lui. On raconte que, l'année suivante, Schubert, âgé de 17 ans, vendit ses livres de classe pour entendre Vogl chanter Don Pizarro à la première représentation de la version finale de Fidelio.
Huile (1875) à partir d'une aquarelle originale de 1825. Historisches Museum der Stadt Wien.
Beethoven en 1823 de Ferdinand Georg Waldmüller d'après nature Archives Breitkoft et Härtel, Berlin
Vienne. Mozart au centre. Beethoven à gauche. Schubert à droite.
Eduard Magnus - Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz, Berlin, 1846
Lithographie de Joseph Kriehuber
31 ans, un catalogue de 1000 oeuvres, dont plus de 600 lieder...
Bruno Serrou, Res Musica, Franz Schubert notre contemporain
"603 lieder pour voix seule et piano, environ 130 chœurs et ensembles vocaux, 1 oratorio inachevé, Lazare, 6 Messes, 1 Messe allemande, Psaumes 23 et 92, Kyrie, Tantum ergo, Salve Regina, Offertoires, Stabat Mater, Magnificat, 4 grands Trios et 1 Notturno avec piano, 19 Quatuors à cordes, 1 Quatuor avec piano, 1 Quatuor pour guitare, flûte, alto et violoncelle, les Quintettes « La Truite » et avec 2 violoncelles, Octuor en fa majeur, 21 Sonates pour piano, 6 Moments musicaux, 8 Impromptus, 3 Klavierstücke, diverses pièces pour piano à 4 mains dont la Sonate « Grand Duo », 8 symphonies, 12 opéras, 7 ouvertures… Et près de 150 partitions inachevées !"
Schumann et Mendelssohn ne s"y trompèrent pas, qui firent connaître l'oeuvre orchestrale de Schubert. C'est Mendelssohn qui créa la Grande Symphonie en Ut de Schubert, dix ans après la mort du compositeur, à partir d'une copie que lui avait remise Schumann à son retour de Vienne.
Robert Schumann part pour Vienne en novembre 1838. Il y rencontre Ferdinand Schubert, le frère de Franz, qui lui confie divers manuscrits schubertiens, ainsi qu'une copie de la Grande Symphonie en ut majeur.
"Il [Ferdinand Schubert] me fit voir les trésors qui se trouvent encore entre ses mains, des compositions de Franz Schubert, et la richesse accumulée là devant moi me fit frémir de joie. C'est ainsi, entre autres choses, que j'y trouvai les partitions de diverses symphonies, dont beaucoup n'ont pas encore été entendues du tout, ou bien ont été souvent écartées, après examen, comme trop difficiles et trop bourrées de choses ! [...]" (R. Schumann. Sur les musiciens. Stock 1979 (coll. Stock musique) ; p.102 )
Schumann sera l'artisan de la première exécution de la symphonie par le Gewandhaus de Leipzig dirigé par Felix Mendelssohn et lui consacrera un article enthousiaste dans la Neue Zeitschrift für Musik. La découverte de la Symphonie en ut représente une étape importante dans le développement de la symphonie romantique. Elle permet en quelque sorte de sortir de la tutelle beethovenienne et ouvre de nouvelles voies que Schumann sera le premier à parcourir.
La dernière musique
Quelques jours avant la mort de Schubert et alors qu'il était déjà très affaibli par la maladie, ses amis accédèrent à sa demande et lui jouèrent le Quatuor en ut dièse mineur opus 131 que Beethoven avait composé en 1826. Cette oeuvre de celui qu'il avait tant admiré fut la dernière musique entendue par Schubert.
Il n'est sans doute pas hors de propos de laisser à Beethoven le soin de nous parler de Schubert, lui qui, dit-on, affirma peu de temps avant sa mort, en décembre 1826, après avoir lu ses lieder : « Dans ce Schubert il y a vraiment une étincelle divine »...
Ecoutons Beethoven avec Schubert.
Ludwig van Beethoven
Quatuor en do dièse mineur opus 131
Juilliard String Quartet (1960)